LA CORSE
Cet article commence à BASTIA, Corse
Le 6 août 2008
Mes coéquipiers sont Edmée DESCHAMPS, Renée et Jean-Claude HIREL
De l’île d’Elbe, BASTIA est à 40 milles.
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BASTIA |
Nous y arrivons à 13 heures. Surprenant de devoir utiliser la VHF en français. Depuis Nouméa c’est une première de ne pas devoir baragouiner en anglais. Ça fait tout drôle. Finalement, le français n’est pas très couru à travers le monde. Auto-suffisance à part.
Le maître des lieux, fort sympathique, nous place le long d’un quai à portée de claquettes des restaurants mais à mille lieues du bureau de la marina et des douches-toilettes. Les vélos sont mis une nouvelle fois à contribution. L’emplacement a un autre inconvénient majeur : pour prendre le large, ce ne sera pas une mince affaire. La longueur de Pamplemousse ne permet pas de faire demi-tour. Il faudra donc reculer entre deux rangées de yachts, en enfilade comme des soldats à la parade. Avec le propulseur d’étrave qui marche quand il a envie, j’en ai des sueurs froides par anticipation.
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... remettre à neuf ma bécane...
(Photo du net)
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En face de la marina, une boutique de cycles neufs et d’occasion me tend les bras. Je vais pouvoir remettre à neuf ma bécane achetée à Brindisi pour une poignée de figues. Elle n’en valait pas plus. Le brave technicien, Bastiais jusqu’aux doigts de pieds, fait une tête d’enterrement en voyant l’objet de tous les crimes. Le verdict tombe, implacable : pas réparable. Je propose de lui en acheter un et de lui laisser le mien en prime. « Je vous ferai une remise si vous gardez votre tas de ferraille ! » Vexant, mais on fait affaire. Du coup je me retrouve avec trois vélos à bord. Imprévu !
8 août. Jean-Claude et Renée Hirel arrivent. Petit cafouillage pour les retrouver. Ils sont chargés comme des mulets de quantité de cadeaux à forte dominante de champagne. Une petite diversion, pour la visite des lieux et la revue de détail des nouveaux appareils, comme l’échosondeur, qui sonde théoriquement à l’horizontale ou presque, mais qui, pour l’instant, ne sonde pas plus loin que la quille ! Comme ce compas électronique tout beau tout neuf, sensé nous donner un faux cap vrai au millionième de degré et qui n’est pas plus précis qu’une boussole de boyscout. Comme ce nouvel anémomètre, conçu pour les plus fins régatiers des courses au ras du large, fayoteur au possible, qui croit bien faire en nous indiquant un vent obstinément de l’arrière. Et la caméra « sport passion » à laquelle il manque une demi-douzaine de câbles de branchement. Mon équipier HEC-ESC-ENA-CEP, (pardon, cette dernière grande école est la mienne : Certificat d’Etudes Primaires, c’est pas rien. A Boulouparis, l’école faisait au moins cent mètres de long. C’était pas une petite !), il va avoir du fil à retordre avec ce matériel en ordre de déroute. Il s’en lèche les babines. Il adore ce genre de problème.
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CORTE
(Photo du net)
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En attendant, cap sur CORTE, entassés dans une petite voiture sport décapotable et décapotée, prêtée par les amis cortésiens de Jean-Claude. La Corse, Jean-Claude, il connaît. Il a été pendant plusieurs années le Monsieur Corse du futur président Sarkozy. Il connaît chaque virage, sauf l’embranchement pour Corte. Ça fait rien, on visite. L’estomac dans les talons, on arrive sur site pour le dessert. Accueil formidable. On se sent à l’aise, adoptés, choyés.
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Le petit train en gare
de VIZZAVONA
(Photo du net)
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Il est décidé que demain, ce sera l’ascension de la RESTONICA. En attendant, embarquement pour VIZZAVONA par le petit train. Coup d’œil sur la Corse profonde. On s’attend à chaque arrêt du tortillard à embarquer un commando cagoulé armé jusqu’aux dents, paré pour le coup de feu sur les gendarmes. Le petit train traverse la CORSE de part en part comme la flèche de Cupidon le cœur de Psyché.
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Lacs de Melu et Capitellu (Photo du net) |
8 heures 30, tout le monde en tenue d’alpiniste pour l’ascension jusqu’au lac de MELU. Edmée fait une belle échappée en solitaire. On ne la verra plus jusqu’au retour. Baignade dans le lac dont les eaux frisent les dix degrés. Ça fouette le sang mais on ne s’éternise pas. Félicitation à Renée qui a obstinément réussi l’ascension et à Matea-Fanny qui avec ses onze ans et ses un mètre quarante a gravi sans un mot. Avec Philippe qui fait office de guide expérimenté et dévoué, je fais l’ascension jusqu’au deuxième lac, qui croise le GR20, à la recherche des restes d’Edmée. Nul doute qu’elle s’est fait dévorer par les loups.
Philippe, toujours aussi serviable, nous raccompagne à Bastia. Le même maître de manœuvre sympathique aide Pamplemousse à culer entre la file de collègues car, comme de bien entendu, le propulseur d’étrave, après quelques sollicitations, se met en sommeil.
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MACINAGGIO
(Photo du net)
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MACINAGGIO n’est qu’à 17 milles. Petite ville bien mignonne.
En quittant Macinaggio, le vent est pratiquement debout. Après le passage du CAP CORSE, je compte sur un vent portant. Las ! le vent s’enroulera conformément à l’usage autour du cap et restera obstinément dans l’axe, jusqu’à CENTURI.
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CENTURI |
Ce magnifique petit port de pêche, charmant, pittoresque, coloré, se découvre au dernier moment. Nous nous attardons dans les ruelles resserrées, accidentées qui épousent le relief tourmenté. La Corse dans toute sa beauté. Par contre, le mouillage forain est des plus désagréables. Une houle croisée ballote Pamplemousse - qui fait pourtant son pesant de cacahuètes - comme une feuille de papier Job. Peut-être que ce roulis se calmera avec la nuit tombée.
Il ne s’est pas calmé. A cinq heures du matin, alors que le soleil encore derrière l’horizon efface à grand peine les étoiles qui luttent pour paraître, l’œil hagard par le sommeil haché menu, je prends la décision de prendre aussi le large. Si on peut dire, car de toute façon, on fait du rase-cailloux. Rase-cailloux qui nous autorise un point de vue détaillé sur l’usine d’amiante, maintenant heureusement fermée, désaffectée. Oubliée ? Pas pour les ouvriers qui ont ramassé le cancer de la plèvre en guise de prime de fin de carrière.
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SAINT-FLORENT
(Photo du net)
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SAINT-FLORENT. Cette fois, le mouillage forain est encombré mais tranquille. Construite pour protéger les arrières de Bastia, la citadelle domine le golfe. L’amiral Nelson vainqueur de Trafalgar disait en parlant de cette position : « Donnez-moi le golfe de Saint-Florent et j’empêcherai qu’un seul vaisseau sorte de Marseille et de Toulon ! » Aucun stratège français ne s’y est tenté. La vue, en tout cas, du haut de cette citadelle, est saisissante.
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Cathédrale Santa-Maria-Assunta
(Photo du net)
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Une petite route ombragée mène à la cathédrale Santa-Maria-Assunta. Je laisse Edmée poursuivre vers ce lieu de culte. J’en ai ma claque, des belles églises. De plus « Le Monde », la fraîcheur du sous-bois et un bon banc de pierre m’attendent. Elle en revient surexcitée. La légende d’un soldat romain qui aurait protégé la ville de je ne sais quelle calamité et dont la momie est promenée régulièrement en procession à travers la ville l’a bouleversée. Et aussi la légende du Christ noir que l’on sort du placard dès que la sécheresse menace, et encore Sainte-Flore, la patronne qui sentait la violette et la faisait renifler à ses fidèles sous peine d’excommunication.
Au départ de Saint-Florent souffle enfin un vent faible, mais portant. McGyver alias Jean-Claude a mis en ordre de marche le nouvel anémomètre, précis comme une horloge atomique. CALVI, l’objectif, est à 30 milles.
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CALVI
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CALVI encore, tout y passe : la poudrière, la maison de Christophe Colomb, L’oratoire Saint-Antoine. Le pousse-café, devant le café qui trône en pleine grand-rue, animée, grouillante, est apprécié. En face de nous, une alignée de grosses unités motorisées, toutes accastillées de starlettes affriolantes ajoutent le plaisir des yeux à celui du pastis.
Départ de Calvi à 7 heures 40. Vent nul. Le récit de tempêtes infernales n’est pas obsédant. Nous folâtrons devant la réserve naturelle de SCANDOLA classée patrimoine de l’humanité et les fabuleuses CALANQUES de PIANA. Petit détour dans l’anse de GIROLATA. Le golfe de CORTO est laissé sur bâbord. Après avoir viré CAPOROSSO, s’ouvre l’entrée de la marina de CARGESE. D’autres voiliers tournent en rond en attendant le feu vert de la marina, sous forme d’un zodiac qui vient chercher, l’un après l’autre, les nouveaux arrivants. Nous prenons place dans la ronde puis, las de tourner, l’ancre est jetée.
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CARGESE, sa marina.
(Photo du net)
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Baignade dans une eau cristalline en attendant le feu vert. La vie sous-marine est toujours aussi lunaire. Quand vient le signal d’entrer à l’abri, le moteur ne démarre pas. Plus de jus. Ça vient des batteries. La couchette avant tribord cache une partie de l’arsenal des sept batteries dont deux en 24 volts pour le moteur et le propulseur d’étrave. Horreur et putréfaction ! Une des cosses à fondu, littéralement. Elle était mal serrée. Encore un coup de la mafia napolitaine.
Un bricolage rapide permet la remise en marche à temps pour sauver notre rang hautement convoité, notamment par un Bavaria répondant au nom d’"Orange" qui cherche à nous griller la politesse. Bataille d’Agrumes. Goliath alias Pamplemousse et ses vingt tonnes de ferraille blindée sort vainqueur par KO au premier round. L’entente cordiale règne avec l’Anglais et son bateau allemand. Un farouche et sympathique brouhaha de bouts rattrapés de justesse, de pare-battage qui s’entremêlent et qu’on démêle dans toutes les langues. On fait le trop-plein d’eau.
Un mauvais plaisant a cru bien faire, en voyant la vanne de notre arrivée d’eau fermée, et l'a remise en action discrètement. Encore un peu, Pamplemousse faisait une plongée sous-marine dans la marina. Ça rince les fonds mais leçon : ne jamais laisser le tuyau dans la vanne de remplissage. La marina vit en bon voisinage avec le port de pêche et le cimetière tout proche. Chacun sait bien qu’il passera de l’un à l’autre pour une concession éternelle. La petite ville de Cargèse domine la marina à une hauteur conséquente. Conséquence, on en a plein les bottes en arrivant au sommet et ça flagelle dur du côté des pectoraux de la jambe pour flâner dans les ruelles.
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CARGESE, ses deux églises. (Photo du net) |
Deux églises presque jumelles, de confessions orthodoxe et catholique, se regardent. Ce face à face fraternel, cette harmonie trouvée avec le Bon Dieu, la mort et la mer fait partie du quotidien des Cargèsiens.
Nous étions autorisés à profiter de la marina à condition de quitter les lieux avant 9 heures pour laisser place aux barques de pêche rentrant de leur dragage des quelques malheureux vertébrés aquatiques qui tentent d’échapper aux innombrables chaluts qui draguent les fonds en permanence dans cette pauvre Méditerranée. Il faudra bien trouver une solution européenne, sinon mondiale, entre la survie des pêcheurs et celle de leur ressource.
A la limite du temps imparti, avec regret et un propulseur d’étrave qui semble donner satisfaction, nous larguons les amarres pour SAGONE mais, finalement, AJACCIO semble plus approprié. L’annonce d’un coup de grisou nommé « mistral » rend les places de marina très chères, introuvables, en fait. Les appels véhéments aussi bien à la marina de Tino Rossi qu’à celle de l’Amirauté restent sans effet, même secondaire.
On mouille, enfin on essaie - le bateau répond très mal - jusqu’au moment où je réalise qu’on a oublié, je dis on parce que « je » rase les murs. Ça va mieux avec la voile ferlée ! Fort d’expériences précédentes, je jette dans la bataille soixante-quinze mètres de chaîne. Tant pis pour ceux qui seront dans le cercle d’évitage. Ils auront intérêt à éviter aussi, s’ils veulent éviter de goûter à la coque blindée.
Philippe, Matea-Fanny et sa copine nous rendent visite chargés de spécialités corses. Scandale, nous leur sommes largement redevables et ils arrivent les bras chargés. L’hospitalité corse n’est plus à démontrer. Déception, Matea-Fanny doit assister à un concert et ils ne pourront pas dîner à bord. Thierry et Nadine les remplacent. Les tenaces, s’il en reste, qui ont la patience de suivre le blog depuis son origine savent que Thierry et Nadine ne sont pas des inconnus. Ils étaient de la première manche entre Nouméa et Brisbane, où Dieu seul et le skipper savent combien ils ont été utiles, efficaces et de bonne compagnie.
Ils sont, eux aussi, chargés de charcuteries de toutes sortes. Les sangliers de l’île ont été décimés, c’est pas possible ! C’est l’heure du débarquement pour les vélos. L’annexe déguisée en péniche du jour le plus long, aborde le quai sous la mitraille des snipers allemands. Non, là, je déconne, c’est pas des balles, c’est Edmée qui hausse le ton !
N’empêche que mon beau vélo ne fait pas de vieux os. Une épine acerbe, malencontreuse et bien aiguisée fait son affaire du boyau arrière. Essai de réparation sur place à base de colle périmée et de rustines rouillées. Ça ne tient pas la route, encore moins l’air comprimé. Le troisième et vieux vélo est remis en batterie en attendant de trouver du matériel de réparation adéquat. Nous laissons nos vélos devant la maison de Napoléon - le premier d’une courte série - transformée en musée par le troisième et dernier du nom. Espérons-le pour la France et le monde car la lignée, en dépit d’un génie indéniable, excellait dans l’art de se mettre à dos l’ensemble des armées européennes et de faire trinquer la leur à coups d'innommables tueries. Heureux pour lui que le TPI ne soit encore à l’époque que dans les songes de quelque intellectuel illuminé.
En face la maison, le parc, agrémenté de la statue de Madame-mère Laetitia. Celle qui disait : "Pourvou qué ça doure ! » Elle avait raison, ça n’a pas douré ! Devant la sculpture, une gerbe a été déposée récemment par le parti bonapartiste. Ils y croient encore ? Nadine me demande si j’accepterais de passer en vedette dans "Corse Matin". Une journaliste de ses amies ne sait plus quoi trouver pour remplir sa feuille de chou. A l’instar de mon pote Hervé aux Nouvelles Calédoniennes, elle est chargée de la rubrique maritime et, certains jours, pas un seul petit naufrage à se mettre sous la plume.
Le coup de mistral nous tient en haleine. Le feu d’artifice est reporté. Le coup de vent aussi. Thierry et Nadine nous récupèrent pour un dîner. Ils ont acheté une nouvelle maison mais ne l’habitent pas encore. Nous sommes donc accueillis dans la demeure qu’ils vont bientôt laisser à d’autres. Les cartons de déménagement s’entassent dans tous les coins. Ils sont corses d’adoption mais australiens de cœur. Ils ont sillonné l’Australie de long en large après avoir débarqué de Pamplemousse.
Thierry en a rapporté la passion du didgeridoo. Il commence à manier son ersatz d’instrument en carton avec bonheur. Nadine s’est spécialisée dans le trafic d’alcool. Nous testons un échantillon de vin de myrte, d’orange et de citron, de sa composition. La tête nous tourne comme le temps qui passe, trop vite, toujours, dans ces moments privilégiés.
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Les îles sanguinaires (Photo du net) |
On ne part pas sans voir les îles SANGUINAIRES, la maison de Tino Rossi, le cimetière ras les flots qui se repère facilement du large.
C’est à Ajaccio que se termine le parcours de Renée. Jean-Claude l’accompagne à l’aéroport. L’horloge des jours pointe le 17. Il est temps de changer d’air. PROPRIANO est à 26 milles.
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PROPRIANO, le port
(Photo du net)
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Sympathique, animée, la ville se laisse visiter avec bonheur. Un flamboyant - sans raison - feu d’artifice sur le port, nous jette sur le pont au beau milieu de la nuit. Dès l’aube rosissant, Edmée dévalise le tabac-journaux du port. Razzia sur le Corse Matin encore tout chaud. Le buraliste arbore des yeux comme des soupières et un sourire en demi-lune. La journaliste a fait un papier sympathique qui attirera sur Pamplemousse la curiosité des Corses sur mer, voisins de ponton et de rencontre. Lire sur ce blog l'article "CORSE-MATIN FLATTE PAMPLEMOUSSE"
A BONIFACIO, la notoriété de Pamplemousse ne va toutefois pas jusqu’à nous libérer une place de marina. Nous mouillons dans la calanque la plus proche de la ville, le cul à la falaise. Jean-Claude se met à l’eau pour assurer Pamplemousse sur un olivier planté là à cet effet. Les voisins sont dans le cockpit, attablés, assiettes et gobelets à ras-bord.
Ils déclarent la bouche pleine et l’œil triste, à la vue du baigneur pataugeant, tordu par les démangeaisons : « On aurait du lui dire que c’était infesté de méduses ! » La compassion des gens de mer est sans pareille ! Annexe à l’eau, avec Jean-Claude à peine calmé des attaques de méduses, on drague les wharfs à la recherche d’une place.
On interroge, on cherche, jusqu’à ce qu’on trouve : « Installez-vous là ! » nous assigne un gars de la marina, accroché à son zodiac. « Mais la place est occupée ! » Pas utile d’ajouter qu’en plus elle est rabougrie pour la taille de Pamplemousse, ni qu’elle ne va pas être facile d’abordage. « L’occupant doit partir ! Faites vite si vous ne voulez pas vous faire piquer la place ! » C’est bien enregistré. Le premier qui se pointe gagne. L’annexe vole entre les multiples embarcations qui vont et viennent dans le plus grand désordre. Un ballet nautique hyper stressant et permanent. Les amarres larguées, l’annexe remontée sur le portique en un tour de vis, moteur à 2.000 tours à rejoindre au plus vite la place convoitée. Las ! un faux-jeton s’est déjà jeté sur l’emplacement. Nous jetons notre dévolu, on jette ce qu’on peut, sur une place libre mais restreinte et encore plus difficile d’accès.
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La citadelle de Bonifacio |
Le propulseur d’étrave effaré cesse de fonctionner au moment où son utilité est maximale. Résultat : l’étrave se retrouve collée sur la proue voisine, la poupe en vadrouille, le safran lové sur une aussière. La totale ! Echappée sauve-qui-peut en marche arrière, jeté dans le flot de circulation. Réveil brutal, la place de l’Etoile, le grand canal un jour de carnaval. Cauchemar de marin, pire que la big-one tempête. Les lochons rasent le fond pour ne pas finir décapités.
Le clapot levé par le troupeau est tel qu’il semble souffler un million de geysers. Pamplemousse erre péniblement comme un vieux, doux et malhabile cheval perdu dans cette horde sauvage de bêtes en furie fuyant l’incendie. Il échoue sans demander son reste au premier emplacement libre.
Le stress du capitaine tape dans le rouge. Il en attrape mal à la poitrine. Un signe de l’organisme à prendre au sérieux. L’emplacement squatté est réservé à des bateaux de location. Les gérants de la marina n’en ont cure : « Restez où vous êtes tant que ça dérange personne ! De toute façon, vous ne trouverez pas de place ailleurs ! » Notre interlocutrice est harcelée de toutes parts. Elle aussi frise la crise cardiaque.
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Le golf de SPERONE
(Photo du net)
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Jean-Claude a réservé au golf de SPERONE. Un des plus beau parcours du monde. Parole de Corse. Armés chacun de sa caméra et des sacs de golf, on attaque ce fabuleux parcours d’un kart décidé. Il est vrai que le spectacle vaut son pesant de tees, de pars et de birdies. Nos coups ne sont pas de la classe de ce magnifique golf. En excuse, il faut dire que l’utilisation incessante de la caméra perturbe la concentration. J’aimerais mourir avec, comme dernière image, la vue du seizième trou. Pas tout de suite, bien sûr !
A peine revenus de nos émotions, Edmée nous entraîne dans une visite au pas de course de la citadelle et de tous les trésors qui s’y cachent. Tout y passe : cimetière des marins, maison où Charles-Quint et Napoléon ont fait un court séjour estival et artistique. Il est précisé : pas dans le même lit. Dîner dans un magnifique restaurant en surplomb de la falaise. Impressionnant.
J’accompagne au petit matin du lendemain Jean-Claude qui prend le taxi pour Ajaccio et son aéroport. Je l’aurais bien gardé jusqu’à Tunis, mais il reviendra. Je n’ai plus le cœur à l’ouvrage pour la dernière étape, sans mon trop fameux équipier.
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