ACCUEIL EXCEPTIONNEL POUR UN ENFANT DU PAYS
Cet article se déroule à DELLYS, Algérie
Mi-juillet 2009
Mon coéquipier-héros est Gilbert GAMBARDELLA
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... brillé comme gardien de but. (Photo non contractuelle) |
Gilbert m’avait prévenu :" Tu verras, ce sera terrible ! " Depuis le départ des Baléares, il m’a saoulé avec les souvenirs de sa jeunesse heureuse dans sa ville de Dellys, où il avait brillé dans l’équipe de football locale comme gardien de but. Plus connu que Barthès.
Il avait ensuite enseigné pendant de longues années les mathématiques et la physique-chimie à une ribambelle de cancres. Qui sont devenus ingénieurs, dentistes, médecins ou avocats.
Puis est venue cette terrible période de guerre d’indépendance et son aboutissement naturel. Deux ans après, la mort dans l’âme, il s’était résigné à suivre la meute, pas très convaincu du bien-fondé de sa démarche. Il avait pris le bateau pour Marseille. Il était revenu quelques années après avec sa femme se recueillir sur la tombe des siens. Rien n’avait changé, si ce n’est quelques rides de plus sur le visage des amis. Quarante ans après, ce qu’il craignait, c’est qu’on lui fasse une litanie funèbre à l’évocation des plus anciens.
Nous eûmes bon vent. Eole était Dellysien et s’empressait, comme pour Ulysse à Messine, de le ramener au rivage. Pamplemousse semblait également impatient de découvrir cette Algérie tant vantée. Gilbert a très peu dormi. La majesté de la Grande Ourse, le mystère de Cassiopée qui jouait à cache-cache avec la Voie lactée ne le détourna pas de cette impatience et de cette excitation qui le rongeaient. Il a presque doublé ses quarts, m’en laissant sans que je m’en plaigne des demis.
De nombreux mails de bienvenue nous avaient déjà donné une idée de ce qui nous attendait. Hélas, une brume épaisse recouvrait de son prude manteau le littoral, camouflant le moindre détail.
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Enfin, le vieux port sort de ses brumes.
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A 10 milles des côtes, on n’apercevait toujours pas le vieux port, où il plongeait et faisait carnage de mérous, ombrimes, loups et sars. Il tourne en rond comme lion en cage, me regarde d’un œil noir et soupçonneux. " Tu t’es planté dans ta navigation, c’est pas possible ! "
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Nous n’avons pas le droit
de descendre à terre...
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Enfin, le vieux port sort de ses brumes. Nous abordons un quai qu’on nous désigne au moment où le muezzin s’égosille. Ils sont tous à la prière, sauf Ammar, qui s’est dévoué pour nous prévenir que la foule débarquera dès la dernière note du prêcheur. Nous n’avons bien évidement pas le droit de descendre à terre ni de recevoir quiconque tant que les formalités sanitaires, douanières et de la PAF n’ont pas donné leur feu vert. C’est un rituel international auquel il faut se plier. Ammar déçu dit qu’il nous a demandé par mail d’arriver avant ou après la prière, mais je ne consulte pas ma messagerie en approche d’un port inconnu sans visibilité.
La prière s’achève. C’est le déferlement. La petite ville est prévenue de la venue de sa célébrité. C’est le début d’une séquence émotion interminable et d’une densité inégalable. Une foule d’amis, de connaissances, de jeunes curieux, s’agglutine.
Arrive le docteur et son questionnaire approprié aux cargos, incongru pour un voilier. Questionnaire en français. Interrogations sur l’état sanitaire de l’équipage. L’une d’elle laisse perplexe : Parmi la population de rats, avez-vous constaté des décès suspects ? Combien ? Nous sommes déclarés sanitairement bons pour le service. C’est au tour de la douane. La France a laissé cette tare des formulaires multiples, interminables et inutiles. Il faut s’y plier.
Nous sommes autorisés, en dépit de notre visa qui commence ce soir à minuit à descendre à terre, mais sur le quai seulement. Sous la pression des amis, le chef concède : " OK, mais jusqu’au café seulement. " La troupe fait mouvement.
Le café est envahi. La ville est reconnue pour être un fief du FIS. D’ailleurs, il y a peu, un boulanger s’est fait voler sa camionnette et coupé la gorge en récompense. Avec celle-ci, un kamikaze s’est introduit innocemment dans la caserne de gendarmerie, s’est fait exploser avec la camionnette au moment de la cérémonie des couleurs. Quarante-trois morts… Officiellement. Gilbert fait une courte escapade, les yeux embués, vers son ex maison toute proche. Retour au café avec les tout proches, limités à une grosse quinzaine.
Ça tchatche, ça projette. « Demain à midi, vous déjeunez chez moi ! - Alors, demain soir vous dînez à la maison », dit un autre. En un tour de table, déjeuners et dîners sont réservés jusqu’au départ. L’avocat Yahya Aïtameur, le pire des cancres qu’ait eu à subir le professeur lui glisse à l’oreille : « Tu n’as jamais constaté la disparition de deux de tes fusils sous-marins ? C’est si préhistorique qu’il ne s’en souvient pas. - C’est moi qui te les ai piqués ! - Sale galopin ! Je me demande comment tu as pu finir avocat ! - Oui mais je t’ai donné du poisson en échange ! » Rigolade générale. Puis c’est Bel Kassem tout fier : « J’ai toujours la belle salle à manger de ta mère que je t’ai achetée ! Il faut que tu la revoies ! - Je n’y manquerai pas, si on me laisse le temps ! »
Tout ce beau monde débarque sur Pamplemousse. Nous avons prévu coca, limonade, etc. Revue des photos de familles et prospectus sur ce pays si lointain que l’office de tourisme de Nouméa m’a remis. Séquence histoire avec la poignée de main historique qui a sauvé le pays et fait se retrouver deux peuples. Si elle n’avait pas suivi mais précédé les tragiques événements elle aurait pu inspirer les protagonistes de l’époque. Pour cela, il eût fallut que la France et les pieds-noirs mettent en sourdine arrogance, intransigeance et orgueil démesuré qui les ont caractérisés. Il eût fallut de suite abandonner cette hérésie de croire solutionner un problème humain par les armes et la mort. Peut-être alors, le cours de l’histoire eût-il pu s’écrire autrement au bénéfice des deux protagonistes.
Soirée interminable. Epuisés. Un yaourt fera l’affaire en guise de dîner. Demain, lever cinq heures.
Déjà une foule de badauds. Nous sommes au cirque et c’est nous qui faisons le spectacle. Les mots de bienvenue sont infinis. Les chalutiers arrivent. Nous sommes débordés de sardines, anchois, seiches, maquereaux, etc. A peine achevés nettoyage et rangement des fruits de mer offerts que deux jeunes arrivent avec un pochon d’oblades. Il parait que c’est très goûteux. Les Méditerranéens connaissent, mais comment caser tout ça dans les frigos et le congélateur ?
8 heures 30, notre escorte arrive. Nous partons à l’assaut de la vieille ville. Chemin faisant, les arrêts sont fréquents. C’est un guet-apens, les connaissances font un cortège jusqu’au cimetière. Les scènes sont doublées. Une deuxième camera vient à mon aide. Impression forte de suivre le lauréat du Lion d’or du festival de Venise, autographes en moins mais embrassades, émotion et joues inondées en plus. Visite du marché. Dégustation de figues de barbarie, de Turquie made in Dellys, les meilleures du monde.
Discrètement, je sors du rang pour acheter une galette fort appétissante. Je sors mes euros. Le tenancier complice les refuse pour prendre les dinars que lui tend mon garde du corps. Ça vaut rien, les euros, ou quoi ? La maison de Gilbert. Celle de Marie-Thérèse : le perron d’à côté. Il n’a pas eu loin à chercher sa fiancée, le coquin de Gilbert ! La mairie où ils se sont mariés. Le collège technique où il a enseigné. Le service postal où a travaillé Marie-Thérèse. La progression est lente, le téléphone arabe a fonctionné à merveille. On est venu de partout pour rencontrer le gardien de but de l’ASD ou le professeur de mathématiques que les moins de quarante ans n’ont pas connu - et pour cause - mais qu’ils connaissent par ouï dire. Il y a les élèves ou les enfants des élèves.
Tous se font connaître et le plus extraordinaire, c’est qu’il a une anecdote pour chacun qui démontre qu’il a gardé dans le détail les joies et les petites misères de chacun, ce qui fait son côté terriblement humain que lui rendent bien les Dellysiens. Un jeune bouscule la foule qui se presse. Il crie : « Je suis le fils d’Ahmed ! Mon père vous a bien connu ! - Ah oui ! on allait à la pêche ensemble ! C’est un bon pêcheur mais quel caractère ! Comment va-t-il ? - Il est mort ! » Un grand silence parmi les assistants qui avaient oubliés d’avertir Gilbert de ce malheur. La gorge nouée, il raconte une anecdote croustillante et pleine de détails qui ne s’inventent pas. « Il est mort en 93 ! - J’aurais bien aimé le revoir ! »
On est attendu à midi pour déjeuner chez Ammar Maabout. Il est déjà 13 heures. Le cimetière chrétien, que des bénévoles tentent sans moyens d’entretenir. Un pied-noir de Montpellier, Jean-Paul Grimaldi, coordonne les opérations. Les fonds manquent. Les Dellysiens en sont souvent de leur poche. Retrouvailles émouvantes avec la tombe paternelle. Arrêt prémédité dans une guinguette au bord de l’eau, en fait au-dessus de l’eau.
L’auberge domine la voie ferrée abandonnée. Séance interview pour un journal de langue arabe. Elle est interrompue par l’intervention d’un personnage connu sous le sobriquet du « Chinois », qui offre, la larme à l’œil, bouquet de fleurs, magnifique portefeuille traditionnel en cuir et une photo encadrée sur laquelle pose l’équipe au complet de l'ASD avec en son centre le jeune délicieux Dellysien gardien de but.
Le frère de l’avocat, médecin à Tizi Ouzou est venu spécialement pour le rencontrer. Avec un sourire en demi-lune : « Je chasse toujours avec la tenue camouflée que tu as donnée à mon père ! » Anecdotes sans fin. Après le déjeuner chez Ammar, où nous prenons encore quelques kilos de plus, visite du vieux et du nouveau phare, bientôt en état de fonctionner. Le vieux a été fragilisé par le tremblement de terre de 1993. On nous introduit ensuite chez un artiste.
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Beaux oursins. |
Extraordinaire maquettiste, Belhaoua Mahmoud. Il a reproduit l’église de Dellys dans le plus petit détail. Un travail remarquable. Il se propose de faire la maquette de Pamplemousse. J’accepte, sous réserve de paiement. « Je ne fais pas ça pour de l’argent ! Je suis un artiste ! » proteste-t-il. Il faut faire vite, on nous attend à Tala Oualdoul avec un tas d’oursins, du citron et de la galette. Gilbert se régale, je grimace.
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Gilbert se régale... |
L’oursin, c’est pas ma tasse de thé, c’est plutôt ma tête de Turc ! Nous rentrons épuisés, gavés, chamboulés. Le lendemain, journée moteur ou presque.
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Je grimace. |
L’alternateur 24 volts qui alimente les batteries moteur nous fait des misères. Un jeune électricien, doublé d’un mécanicien diéséliste, se penchent sur le malade. Ca prendra du temps ; le malade est mal en point. Aïe, nous sommes attendus ce midi pour le déjeuner chez l’adjoint au maire. Il nous faut les abandonner sur la table d’opération.
Le maire nous fait l’honneur de partager notre repas. L’agence Reuter arrive pour le dessert avec journaliste, photographe (une charmante jeune femme) et caméraman. Plus d’une heure d’interview. La vedette se la joue à la John Wayne, la taille en moins ! Vingt dieux ! et les mécaniciens qu’on a laissés sans rien à manger. Retour au bateau. Ils sont toujours en place et sur le point d’aboutir. Je passe, mais je ne devrais pas, sur l’efficacité et le dévouement d’Ammar, qui a couru toutes les boutiques de la ville jusqu’à Berghlia pour trouver ces maudits charbons, pour remplacer ceux usés jusqu’à la tôle.
Rabah arrive. Rabah, c’est le technicien électronique. Il gère un site aux multiples ramifications. Il connaît tous les dessous d’Internet. Il est le lien entre chacun. Il informe, il diffuse. C’est un périodique à lui seul. Il nous invite à prendre le thé chez lui. « Vous ne pouvez pas refuser, ma femme a cuisiné toute une série de pâtisseries algériennes ! » Je pense à mon épouse qui les adore, atavisme oblige.
Il nous monte dans son nid d’aigle qui domine toute la baie de Dellys et même au-delà. Magnifique résidence. De là, il n’avait eu aucun mal à repérer le petit point blanc grossissant sur l’horizon. Pas étonnant si toute la communauté nous attendait. Nous sommes gavés comme des oies et, honnêtement, nous ne faisons pas honneur à ces excellentes pâtisseries. Qu’à cela ne tienne. Son épouse les emballe, y ajoute des grappes du raisin blanc qui pousse à foison sur la terrasse.
Un détail, mais un gros : Gilbert a senti à un moment - lequel ? - qu’on lui mettait la main à la poche. Plus tard il eut la curiosité d’y fouiller. Il en retira dix mille dinars. Il soupçonne Ammar. La tête sur le billot son ami n’avouera pas. Ils nous servent à récompenser discrètement les deux jeunes qui en ont bavé. La bonne blague, ils avaient déjà été récompensés. Tout aussi discrètement. Le dîner est prévu justement chez Ammar, le dentiste. Sa femme est Kabyle. Elle le parle parfaitement. Nous dégustons un couscous, kabyle lui aussi. La sauce est faite de haricots secs et de pois chiches. La semoule très fine est arrosée d’huile d’olive. Un régal.
Le départ est prévu pour Alger à 7 heures mais Ammar a eu une nuit difficile et arrive un peu en retard. Passons sous silence les histoires de numéros de téléphone, que votre serviteur a oublié de noter et qu’il a fallu alerter toute la Kabylie pour retrouver. Nous retrouvons Hakim l’avocat et son oncle, qui doit nous servir de guide sur les marches de la grande poste d’Alger. Hakim est venu de Constantine pour nous rencontrer.
Le groupe renforcé déambule de la rue Didouch Mourad par les facultés et son tunnel pour traverser l’avenue Pasteur jusqu’à la rue d’Isly, de bien triste mémoire. Une fusillade sanglante a opposé soldats et manifestants français des deux côtés. Sûr qu’envisager un accord de paix dans ces conditions était une utopie. Visite au balcon d'où le grand Charles les a tous compris. Photos et film interdits. Découverte de la rue Dumont d’Urville pour arriver au square Bresson, jusqu’au boulevard du front de mer.
Ça mitraille… photos et film sur le phare, construit sur une île reliée à la terre ferme depuis une éternité, l’ex cathédrale d’Alger, ancienne grande mosquée redevenue mosquée après l’intervalle français. La kasbah, que le skipper aurait souhaité découvrir plus en détail, mais les estomacs réclament. Descente sous les voûtes de la pêcherie, où se nichent de nombreux restaurants de fruits de mer, tous avec des noms évocateurs. Le nôtre s’appelle Titanic, c’est dire ! Le repas nous est offert par Hakim.
Nous sommes toujours interdits de financement. Retour vers le centre-ville par les arcades Bab Azoun qui proposent tout ce que le commerce peut imaginer vendre. Les boutiques appartenaient et étaient tenues pas des juifs.
L’équivalent de la rue du Sentier à Paris, sauf qu’à Alger, ils sont tous partis avec les pieds-noirs. En voiture et en vitesse, nous allons sur les hauteurs en direction de Kouba par le boulevard Bru. Séance film sur cette vue époustouflante d’Alger la blanche. Retour sur Dellys par l’autoroute qui croise les travaux gigantesques de celle qui doit relier prochainement le Maroc et la Tunisie.
On descend à pied jusqu’au bateau à travers la kasbah de Dellys, presque entièrement détruite par le tremblement de terre de 2003. Elle est pour l’instant inhabitée. Crochet rapide au bateau puis dîner chez Mohamed Laleg. Festin toujours aussi débordant avec, en gros, la même équipe de convives. Séparation à onze heures du soir.
Dès 6 heures, les visites recommencent. Malgré les 4 chalutiers à escalader pour atteindre Pamplemousse, les visiteurs ne sont pas découragés. Ils sont accompagnés qui d’un sachet de sardines, qui de calamars ou de pageots. Nous sommes contraints de refuser. Il n’y a plus la place de loger une seule sardine dans les frigos et le congélo. Nous prévoyons de partir le plus tôt possible. Il y a 345 milles à couvrir pour atteindre Melilla.
A 9 heures, nous déplaçons Pamplemousse vers le poste à mazout. Nous y sommes attendus. Le plein est fait. Gilbert est à la PAF pour obtenir la clearance. Il revient désespéré. Il n’a pas été autorisé à payer mazout, essence, pack d’eau potable. Il a des dinars mais il n’est pas autorisé à les dépenser.
On aura peine à nous croire. Le bateau est envahi. L’émotion est forte, trop forte, initiant une fatigue nerveuse intense. Deux caméras interviewent les deux pauvres Calédoniens sommés de donner leurs impressions. Je n’ai jamais connu pareil accueil. Pourtant, j’en ai connu, des pays accueillants : la Nouvelle-Zélande, le Mexique, la Turquie, la Bosnie, etc. Le classement est chamboulé. L’Algérie prend largement la tête du peloton.
Il est tard, il est midi, nous avons déjà plus de deux heures de retard sur nos prévisions. Vient le moment où il faut se résoudre à se quitter. Le moteur est mis en marche. Pamplemousse s’éloigne lentement tandis que Gilbert continue à filmer les mains qui s’agitent en signes d’au revoir. Les deux compères sont concentrés sur les opérations de mise en train du bateau pour la traversée. Nous travaillons dans un silence pesant, en automates abasourdis par cette rupture douloureuse.
Il nous faut redescendre de ce nuage sur lequel nous rêvions et duquel il est bien difficile de descendre. Nous accumulons fautes et bévues comme deux débutants. Les muscles sont là mais l’esprit et le cœur sont encore sur le wharf avec eux. Les voiles sont en place. Un bon vent d’est nous propulse à 7 nœuds. Le moteur est mis en berne. Le silence est encore plus pesant. Tout à coup, un bruit de moteur nous ramène à la réalité.
Dans le sillage, une barque à moteur nous rattrape. C’est le petit frère de Bel Kassem Amarouch. Il est venu d’Alger avec sa barque mais en retard pour assister au départ. Il nous suit un long moment. Echange de souvenirs avec Gilbert. Emotionnellement éprouvant. Ce rendez-vous sur la mer sera le dernier. La nuit sera longue. Les têtes et les cœurs déborderont sous l'édredon!
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