COURTE VIRÉE AU PORTUGAL
Cet article commence à CADIX, Espagne
Le 30 juin 2010
Mes coéquipiers sont (est) Edmée
Le 30 juin donc, nous faisons nos formalités avec la marina Puerto America. La jauge de mazout montre une réserve de 325 litres, c'est-à-dire à moitié réservoir, pile-poil. Le réservoir d’eau idem, c'est-à-dire en gros 800 litres. Bof, pour aller jusqu’à Faro, c’est pas le bout du monde, je juge que c’est pas la peine de compléter et de traîner une tonne de liquides en plus.
J’ai prévu de faire escale en mouillage forain au fin fond d’une rivière pas très loin de Cadix, environ vingt milles sans compter les détours dans les méandres de la rivière. En fait, cette rivière est l’embouchure du GUADALQUIVIR, le fleuve qui arrose SEVILLE, rien de moins.
Progressivement, le courant est devenu portant et nous permet une entrée dans ce goulet, nous aussi à bonne vitesse. Les 6/7 nœuds sont facilement atteints. On ne va pas se gâcher le plaisir. On louvoie à fond la caisse jusqu’à une zone tranquille et presque indemne d’engin motorisé.
Nous mouillons par quatre mètres de fond. A mi-marée, ça ne devrait pas poser de problème. Il y a, presqu’en face de nous, un petit voilier, seule embarcation dans la zone. Vu de loin, il nous semble arborer un pavillon français.
A la tombée de la nuit, nous sommes attaqués par une flopée de moustiques agressifs. A se croire à Nessadiou ou dans la baie de Saint-Vincent. Deux tortillons chinois allumés dans le carré et le calme revient, mais pas question de mettre le nez dehors, même si la lune pleine à ras bord nous fait de l’œil. Encore heureux qu’on ait eu la riche idée de prendre notre douche chaude à l’arrière avant l’attaque des zéros sur Pearl Pamplemousse.
Après un bon repas boudin-pomme des alpages, le sommeil ne tarde pas. Brusquement, nous sommes réveillés en sursaut par un terrible bruit de raclement. J’allume l’échosondeur, qui indique toujours à un poil prés quatre mètres. Le raclement vient du puits à chaîne. Le bateau a changé de direction et tire vers la sortie. La renverse de courant à ouvert le bal à un courant infernal. Je n’ai pas mis de retenue au guindeau et il laisse filer sans se soucier. L’affaire est vite réglée, mais nous avons au moins soixante mètres de chaîne en train de barboter. On ne risque pas de déraper.
A 9 heures, nous levons les soixante mètres de chaîne pour une destination inconnue, en fait encore une rivière, qui semble sur la carte accueillante, et déjà en territoire lusophone. Le voilier voisin est un Hollandais. Il n’est pas volant mais mâchonnant quelques mots d’anglais. La rencontre est brève, par manque de communication. Nous prenons le large sans plus de formalités. L’objectif est de se rapprocher tranquillement de Faro. Le courant, bien qu’ayant faibli, est encore favorable et nous pousse tranquillement vers la sortie.
Au fil de la journée, le vent s’obstine à vouloir se rapprocher de l’axe de la route. La vitesse en prend un coup et le cap idem. Je réduis mes prétentions et opte pour un autre abri au fond d’une rivière, à seulement 30 milles de celui que nous avons quitté ce matin. Il en restera 50. La moitié aura été faite en deux jours. Encore heureux qu’on soit en avance sur l’horaire.
Nous louvoyons à nouveau dans un chenal interminable où les bouées vertes se succèdent presqu’à touche-touche. C’est assez inconvenant dans cet étroit chenal, dans lequel il faut toujours essayer de se tenir sur la droite pour respecter les règles de circulation. Un vrai régal avec le courant portant. Ça dépiaute sec. Nous arrivons vite fait au bout de la course. Le chenal est bloqué par un immense pont, sur lequel la circulation est dense et bruyante.
Sous le pont, une marina, que nous ignorons superbement vu son emplacement proche de la fureur des moteurs qui lui passent à ras la casquette.
Nuit tranquille, malgré une vérification fréquente du positionnement, car le bateau tournicote dans tous les sens à cause du courant tourbillonnaire dans cette zone.
Le 2 juillet, départ de HUELVA à 8 heures. Destination OLHAO, en territoire portugais. Pas loin de 50 milles à parcourir jusqu’à l’entrée de la passe. De la passe jusqu’au mouillage, l’opération est plus hard que de faire les 50 milles en pleine mer. Il faut trouver un mouillage qui satisfasse la patronne. Au troisième, Madame est satisfaite. Nous sommes comme à l’îlot Maître, au milieu d’une flottille de voiliers qui se fréquentent par annexes interposées. Ça donne un remue-ménage incessant autour des bateaux. Le port d’attache de Pamplemousse suscite la curiosité. Comme la plupart ne connaissent pas, ils ne demandent pas, de peur de passer pour des ignares.
OLHÃO – également appelée Olhão da Restauração – est une municipalité (en portugais : concelho ou município) du Portugal, située dans le district de Faro et la région de l'Algarve.
Réveil aux aurores, après une nuit cool. Impossible de mettre le groupe en marche pour griller les toasts, de peur de gêner les voisins, voiliers pour la grande majorité, qui nous encerclent. On n’en mourra pas !
Incidemment, je jette un regard distrait sur la jauge d’eau douce. Damnation ! Il ne reste plus qu’un quart du réservoir. Il faut qu’on arrête de gaspiller l’eau. Y’a intérêt à faire le plein dès qu’on arrivera à la marina, car il paraît qu’à FARO, c’est pratiquement impossible de faire le plein.
FARO est une ville du Portugal, et le chef-lieu de l'Algarve, la région touristique qui se trouve à l'extrême sud du Portugal. Le nom de cette région est d'origine arabe (Al gharb) et signifie l'ouest. Faro abrite un aéroport international qui accueille chaque année de plus en plus de touristes (essentiellement du nord de l'Europe) mais qui ne restent pas à Faro, préférant Portimão (deuxième ville de l'Algarve), et les nombreuses stations balnéaires de la côte. Cependant, la vaste plage de sable de Faro, aménagée sur une île, retient de nombreux touristes. Faro est limitée au nord et à l'ouest par la municipalité de São Brás de Alportel, à l'est par Olhão, à l'ouest par Loulé et au sud par l'Atlantique. La ville constitue, grâce à l'aéroport de Faro, la deuxième plus grande entrée du pays.
Nous mouillons dans le port de pêche, à deux pas du marché. Il est hyper encombré et ça circule à fond la caisse. Les Portugais semblent d'ardents partisans de l’excès de vitesse sur l’eau. En fait, la règle, c’est à fond la caisse tout le temps. Ça donne un clapot et un boucan continuels et inconfortables. Il faudra s’y adapter.
Nous descendons l’annexe pour chiner ce marché fort sympathique où les fruits reniflent une odeur alléchante jusque dans les toilettes du bord. Ce marché est également bruyant, mais beaucoup plus sympathique. Les commerçants et commerçantes hèlent le chaland à grand renfort de décibels. On n’y comprend pas un traître mot.
Edmée marchande des prunes et raisins de toute beauté. Une passante l’aide. L’éclair de la sympathie explose entre les deux femmes. La discussion s’engage avec vivacité. Les époux ne sont pas en reste. C'est un couple de franco-portugais qui passent une grande partie de leur temps en France, où ils ont famille et maison. Nous leur faisons part de notre problème d’eau et de mazout par la même occasion.
Monique, et surtout Florent, connaissent la ville comme leur poche. Les Francisco, c'est leur nom, nous traînent à la recherche des deux précieux liquides tout en bavardant comme des pies. Florent me met en garde : " Ça va pas être facile ! " Et de fait, malgré la bonne volonté de nos deux guides et leur connaissance des administrations et filières locales, nous sommes bredouilles. Aucune possibilité.
De retour sur le bateau, nous constatons, comme le vent a un peu tourné, qu’il donne sur un petit voilier mouillé à notre arrière tribord. L’équipage, un vieux et brave homme, est sens dessus-dessous et furieux comme un paon. Il prétend que le gros balourd de Pamplemousse est venu faire un bisou à sa peinture toute neuve. Il veut faire un constat et faire jouer notre assurance.
Edmée entre en furie et refuse. Le couple de même. J’essaie de calmer le jeu. Je vais chercher le document attestant de notre assurance. Generali a intérêt à faire des réserves de fonds, ça va être grave ! Devant ma bonne volonté, et le fait peut-être que la soi-disant éraflure est à peine visible au microscope, le brave homme se calme et ne demande plus que des excuses. Ce à quoi je m’applique modestement. Nous nous quittons bons amis.
Impossible de rester dans ce coin encombré. Je prétends que nous devrions trouver eau et mazout au port de pêche. On y va. On se fait jeter. On essaie de mouiller un peu plus loin mais, outre que le mouillage est inconfortable avec les allées et venues d’embarcations qui nous passent à ras les narines à pleine vitesse, il n’est pas très sûr.
Après réflexion, nous réalisons qu’il n’est pas possible de laisser le bateau ici pour aller visiter Faro en train, en bus ou à quatre pattes. Pas possible non plus d’aller à Faro avec le bateau sans la certitude de pouvoir faire les pleins. En désespoir de cause, nous décidons un retour prudent sur Cadix. Il est 20 heures. Plus de 100 milles à courir. La nuit va être pénible. Edmée maugrée sur son shopping perdu à Faro et la nuit à venir.
Effectivement, dès la sortie en pleine mer, le vent contraire nous secoue les puces. J’ai ordre de la patronne, pour toute manœuvre hors du cockpit : GILET DE SURVIE CAPELÉ. On voit qu’elle ne sait pas ce que c’est de manœuvrer avec ce cordon ombilical entre les pattes. Je tire un bord vers le large, qui nous rapproche des cargos toujours à l’affût. Retour vers la terre ferme. Nouveau bord plus tard, qui nous fait piquer sur Rabat. On est loin du compte, avec ce Pamplemousse avarié qui remonte au vent comme un fer à repasser et ce courant qui refuse à tout crin.
Par bonheur, en fin de nuit, ou début de jour, c’est selon, le vent adonne et nous faisons presque cap sur Cadix. Au lever du jour, le courant s’inverse et le vent adonne encore un peu plus. Nous faisons cap sur l’objectif et je peux soulager les voiles pour accélérer. Nous arrivons à bon port sur le coup de midi, et sur les rotules. ===OOO=== |
dimanche 15 août 2010
COURTE VIRÉE AU PORTUGAL
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