samedi 15 août 2009

DE NOTRE AMI MONSIEUR AMMI AMAR :UNE ESCALE À DELLYS


UNE  ESCALE À DELLYS
 Par monsieur  AMMI AMAR



A Charly et Gilbert


 En ce qui concerne l’Algérie, j’ai toujours peur d’appuyer
sur cette corde intérieure qui lui correspond en moi
et dont je connais le chant aveugle et grave.
Mais je puis dire, au moins, qu’elle est ma vraie patrie
et qu’en n’importe quel lieu du monde,
je reconnais ses fils et mes frères
à ce rire d’amitié qui me prend devant eux.

Albert Camus 
(Petit guide pour des villes sans passé, in L’été).





Ce jour là Dellys s’était montrée heureuse que le hasard lui ait réservé la fortune d’accueillir un fils aussi digne et un ami aussi estimable. Après avoir perçu Gilbert et Charly comme des dieux descendus de l’Olympe par erreur, la ville avait reçu ses hôtes avec la dominante immédiate dont ils entendaient ses bruits : celle principalement du muezzin de la mosquée qui appelait à la prière du vendredi, et qui était aussi à leur adresse une proclamation solennelle et publique de bienvenue en ce jour de dévotion béni de Dieu. Quant à Gilbert, il fut particulièrement accueilli avec la prégnance physique dont cette Ithaque maternelle possède aussi charnellement ses enfants et auxquels elle se donne toujours. Et ce fut continuellement pour nos deux amis durant leur séjour comme un gage d’amitié et d’amour qui leur était généreusement attribué, une attache faite à eux par ce morceau de géographie attirant : l’atmosphère ayant eu une lumière particulière, et le nom de la ville une résonnance singulière : Délice.