vendredi 15 octobre 2004

LE GRAND DÉPART. PREMIÈRE ÉTAPE : DE NOUMÉA À BRISBANE


LE GRAND DÉPART. 

PREMIÈRE ÉTAPE : 

DE NOUMÉA À BRISBANE


Cet article commence à NOUMÉA
Le 15 octobre 2004
Mes coéquipiers sont  Nadine HAREL et Thierry DELANGECatherine et Henry MARTIN



Vendredi 15 octobre 2004. C’est un vieux projet, vieux comme le bonhomme qui l’entreprend. Il a pris son temps pour mûrir. Comme il lui en reste peu pour mourir, il faut galoper et avaler les milles au plus vite. 



C’est donc le vendredi 15 octobre 2004 que PAMPLEMOUSSE fait ses premiers pas vers un horizon pas vraiment inconnu. C’est un vieux routier. Il a déjà des milliers et des milliers de milles au compteur depuis sa naissance à SAINT-MALO, belle ville de corsaires et d’aventuriers. Déjà. 


Ce départ tranquille ne m’émeut pas outre mesure malgré la banderole laissée par les voisins du quartier me souhaitant « Bon Voyage » et la bruyante présence des amis et de la famille - " Allez va ! " - la larme à l’œil ou presque par l’émotion ou la poussière de nickel portée par l’alizé qui souffle modérément ce jour-là.




C’est un vrai faux départ. Les circonstances et la saison des cyclones veulent que je revienne à Nouméa avant fin novembre. Mais c’est quand même déjà l’air du grand large.



A bord, Thierry et Nadine, un couple d’amis de mon fils Christian dont j’ai pu expérimenter la gentillesse et la compétence au cours d’une sortie d’entraînement sur la côte Est de la Calédonie. La côte oubliée. Ce sont de jeunes vieux baroudeurs qui ont traîné leurs sacs à dos à travers la planète sur diverses montures : voiliers, 4/4, auto-stop, peut-être même le doux confort d’un dos de chameau. 


Thierry, on peut le dire, a un lourd passé de skipper expérimenté. Nadine, grande, blonde, présente un premier contact autoritaire mais cet aspect de sa personnalité s'estompe bien vite pour laisser place à une femme sensible mais qui n'a pas froid aux yeux. Elle le prouvera quelques mois plus tard quand, perdue en pleine savane africaine, elle s'est retrouvée face à face avec un éléphant. Elle voulait lui tirer le portrait mais lui ne l'entendait pas de cette oreille - qu'il avait fort grande - et il s'en fut de peu qu'elle ne fût piétinée. Lire son récit sur ce blog.





BRISBANE IBIS
Henry et Catherine, deux vieilles connaissances, ont, eux aussi, beaucoup baroudé. Backpackers presque de profession, ils font fi des contingences matérielles qui accaparent la plupart de leurs semblables. Ils préfèrent au luxe d’un restaurant haut de gamme la rusticité des cuisines authentiques et les vertus des préparations à base de... gingembre.



L’insolite ne manque pas à bord, en particulier la douche au mazout que s’est réservée Thierry en guise de pousse-café avant de quitter le wharf. Le vent ne ménage pas l’équipage. Son impact sur les estomacs est sanguinaire mais la salade niçoise résiste et fait ballast au fond des estomacs.



Au petit matin suivant, nous avons couvert 110 milles. Le vent faiblit. Musique classique Perkins pour ce joli samedi. Catastrophe : l’alternateur ne charge plus. L’alternateur 60 ampères installé par mon fils Christian est surdimensionné pour le petit ampèremètre, qui expire en émanant une forte odeur de brûlé. A la décharge de Christian, il faut admettre que son installation de dernière minute a été précipitée. Panique à bord, extincteurs en bandoulière. 




Pétole totale. Moment de frénésie générale : une dorade coryphène s’est prise à la ligne de traîne. Il y aura de la darne sur la poêle à frire.



Le lundi, nous sommes à mi-parcours entre Nouméa et Brisbane. En fin d’après-midi, l’alizé est costaud mais supportable. Je décide de ne pas prendre de ris, précaution pour la nuit, persuadé que le vent est bien établi. Grosse erreur, en cours de nuit il passe à 35 puis 40 nœuds. Vers 2 heures du matin il faut réduire la toile. Le bateau fonce à 11 nœuds et on risque la casse. Au réveil, les estomacs sont barbouillés et les bannettes restent occupées par un équipage fatigué. Une consolation, la distance à la côte diminue !



La terre est proche. Le vent refuse mais pas la houle Nous sommes contraints à un bon plein avec houle croisée inconfortable. Le feu de Moreton  est bien à sa place. Celui de Caloundra aussi mais son approche est interminable. La veille est éprouvante. A minuit, un immense cargo nous arrive par le travers à pleine vitesse. Les palpitants tapent dans le rouge et la panique n’est pas loin. Il nous passe à ras des fesses. Je suis épuisé et commence à mal juger la situation et à faire des conneries. Confondre un feu avec un autre par exemple. Thierry vient à la rescousse et prend les choses en main. À 4 heures du matin, nous mouillons hors du chenal d’entrée près de BRIBIE ISLAND. Mouillage très inconfortable mais qui permet à chacun de reprendre des forces.



Alors que nous entrons dans l’embouchure de la Brisbane river, mon beau-frère Guy me prévient par mobile, car la VHF refuse tout service, que les opérations de douane se font désormais à REDCLIFF (c’est le "CALEDOTOWN" de Brisbane, le quartier où se sont réfugiés un grand nombre de Calédoniens au moment des "évènements"). 
LEVER DE SOLEIL SUR BRISBANE


A contrecœur, nous faisons demi-tour et trouvons la marina et le poste de douane, non sans mal. J’écope d’un "warning" pour n'avoir pas prévenu de mon arrivée au moins 48 heures avant, il n’y a pas de panne de radio qui tienne. 


BRISBANE STORY BRIDGE








Jeudi soir 21 octobre vers 21 heures nous nous amarrons à DOCKSIDE MARINA, à portée de gaz d’échappement du STORY BRIDGE.










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