dimanche 5 juillet 2009

MALTE



MALTE


Cet article commence à MALTE
Mi-juin 2009
Mes coéquipiers sont Edmée DESCHAMPS, puis Gilbert GAMBARDELLA

Drapeau animé de Malte par Pascal Gross

Après cette lutte donquichottesque contre les filets dérivants, ces géants flottants, nous arrivons bien fatigués. L’approche et l’arrivée consolent de cette traversée perturbée. Les remparts spectaculaires de Malte défilent sous nos yeux éblouis. Il est 19 heures quand nous prenons notre place au wharf. L’affaire est délicate. Le vent souffle par le travers et le propulseur d’étrave encombré d’algues, de mousses et de coquillages, perd beaucoup de son efficacité.




LES REMPARTS, COTÉ VILLE

Nous sommes positionnés derrière un magnifique yacht de quatre-vingt-quinze mètres de long, l'INDIAN EMPRESS. Il appartient à un politicien homme d’affaires indien. Le mélange des genres n’est pas un apanage calédonien. Vingt-deux hommes d’équipage y travaillent en permanence, notamment un jeune Néo-Zélandais, Aaron pour les copains, féru de voile. Il a multiplié les courses-croisières sur le même coursier que mon fils Christian. Le monde est petit, comme l’est cette magnifique île de Malte. C’est bien l’avis de notre Néo-Zélandais qui s’y morfond.

Dès les opérations douanières terminées, les prises d’eau et de courant à poste, les vélos débarqués et mis en état de marche, nous partons à l’attaque de la citadelle maltaise. Pour cela, fi des vélos, vive le bus, datant des années cinquante, coloré en jaune à souhait. Pour cinquante cents, il nous conduit à La Valette, la capitale du plus petit état européen. Elle porte le nom de son fondateur français - cocorico ! - Jean Parisot de La Valette.

LA VALETTE est inscrite avec ses trois cent vingt monuments, églises et cathédrales au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1980. Avec ses cinquante-cinq hectares, elle représente la plus forte concentration historique et monumentale au monde.


AUBERGE DE CASTILLE ET LEON

A l’entrée de la citadelle, la fontaine des tritons, splendide, est le premier coup de cœur. L’office du tourisme pour s’informer des spectacles disponibles pendant notre séjour, en particulier les concerts de musique classique. Il y a bien un concert prévu, vu les immenses échafaudages qui se mettent en place sur l’impressionnante esplanade qui fait face à la cathédrale Saint-Publius. Le volume et le nombre d’enceintes qui enserrent l’enceinte, enceinte de dix mois, laisse plutôt présager une foire à la musique ultradécibelicacophonique ! Pas le style de la maison. Direction plutôt vers les calmes jardins de Upper Barrakka.


Les fossés et les fortifications qui ceignent la citadelle, et qui ont vu saigner tant de pauvres bougres massacrés pour les conquérir et d’autres sacrifiés pour les défendre. Ils ne sont maintenant pris d’assaut que par des bataillons de touristes. A 13 heures, le film : « The Malta experience » retrace l’histoire mouvementée de Malte et de sa capitale. Passionnant. Le film est suivi de la visite de la Sainte Infirmerie de l’Ordre ou Grand hôpital. Le hall est impressionnant : cent cinquante mètres de long par quinze de large, le tout creusé sous les constructions supérieures.


L’Ordre de Malte est une organisation catholique souveraine, à vocation humanitaire. Originaire d’Amalfi en Campanie, il s’est implanté successivement à Jérusalem, Chypre, Rhodes, Malte et enfin Rome, depuis 1834. Cet ordre, anciennement à la fois religieux et militaire, aujourd'hui laïc et civil, est depuis sa création tourné vers les pauvres et les malades, en vertu de sa première règle : « Protéger la Foi, secourir les indigents, accueillir les sans-logis, soigner les malades et œuvrer pour la paix et le bien dans le monde. C’était Emmaüs et mère Teresa à la fois ! ». Néanmoins, au cours de sa longue existence, il a été aussi un des principaux remparts de l’Occident chrétien, durant les croisades dans un premier temps, puis à l’époque où ses marins aguerris sillonnaient la Méditerranée, avant de développer, à partir de la Renaissance, un savoir médical envié et mondialement reconnu, notamment en médecine tropicale.


Retour par « Lower Barrakka » et le monument qui commémore la seconde guerre mondiale avec le soldat couché et la cloche du siège, de la ville, pas du cabinet !


Co-cathédrale Saint-Jean 
Il faut visiter la co-cathédrale Saint-Jean, le must dans ce domaine. Pas de chance, elle est fermée. Les ecclésiastiques sont loin de faire les trois-huit, ils sont plutôt adeptes de Martine et de ses trente-cinq heures. Les minutes d’ouverture sont calées entre quelques secondes. Revenez plus tard, il n’y a rien à voir ! Après le déjeuner en face la cathédrale, qui extérieurement ne vaut pas des clopinettes, nous assistons au cérémonial dont on nous a fait tout un plat : le tir du canon ! Attrape-touristes, nigaud à souhait.




L'église Saint-Paul le Naufragé


En attendant, descendons jusqu’à l'église Saint-Paul le Naufragé. L’histoire dit que saint Paul fuyant les persécutions romaines aurait fait naufrage à Malte et aurait évangélisé la colonie. Cette cathédrale lui est donc consacrée. Une procession gigantesque promène la lourde statue du christ disposée sur un socle porté à dos d’hommes et selon un cérémonial précis, immuable et bien rodé. Nous nous mêlons à la foule des pèlerins, caméra au poing. Les visages sont graves, recueillis, mais facilitent notre démarche de cinéaste amateur.


Vendredi 19 juin. Les vingt-quatre heures de Malte à vélo ! De la marina, grande virée par la crique de MSIDA, avec arrêt prière à la cathédrale Saint-Joseph. Montée essoufflée jusqu’à FIORINA, quartier qui précède La Valette. Arrêt pipi à la cathédrale Publius. Kalolo ! Visite guidée par le curé du coin, qui traîne ses savates sur le parvis en attendant la récréation. Il porte des chevalières en or que s’il t’en met un coup dans les molaires t’es bon pour manger de la purée et boire du lait caillé jusqu’à la fin de tes jours.


En face et au milieu des échafaudages, l’esplanade avec ses silos à grain creusés en sous-sol  au XVII° siècle. A droite, le "Middle sea house" utilisé comme marché de négoce à grain et accessoirement par Roosevelt et Staline réunis pour préparer Yalta et le partage du gâteau. Bon appétit Messieurs ! Retour à vélo, sur les rotules. Arrêt photo sur le Black Pearl, navire transformé en restaurant, qui a servi au tournage du film La Perle Noire avec Popeye en Robin Williams, ou peut-être l’inverse.


Samedi 20 juin. Visite de Senglea, petite péninsule qui forme, avec Vittoriosa et Kalkara comme trois doigts en face la citadelle de La Valette. L’église Maria Bambina, dont le nom officiel est Notre-Dame des Victoires, dans laquelle un " Christ portant sa croix " est impressionnant. Il est considéré comme miraculeux. En 1990, Jean-Paul II est venu s’y recueillir. Sur le parvis, le monument dédié aux victimes de la guerre. Remarquable composition sculpturale. A l’extrémité de Senglea, les jardins de Safehaven avec la fameuse échauguette, une tour hexagonale sur laquelle sont sculptés des yeux, des oreilles et un oiseau, qui symbolisent la surveillance constante de la mer et des menaces d’invasion qu’elle recèle. De nos jours, les envahisseurs arrivent par 747 bourrés d’individus aux doigts crochus, venus de la planète Mars à l’ombre.


Dans les ruelles de Malte.

Dimanche 21 juin. Habillés de bottes en cap, armés comme il se doit d’appareil photo et caméra, volontaires comme des kamikazes, nous nous apprêtons à enfourcher nos vélos. Catastrophe! Plus de vélos. Disparus, envolés. Alerte à la bombe auprès de la marina. Que personne ne sorte! " Nous allons visionner la caméra de surveillance! " nous dit-on. - Mais ça va prendre du temps. » 


Quelques heures plus tard, nous sommes convoqués à l'office. Le film montre à trois heures du matin tapantes, deux lascars de fortes corpulences se carapatant avec nos engins à vitesse grand V, si bien qu'ils seront difficiles à identifier. Nous sommes orphelins. On vous aimait bien, petits vélos ! Ça casse le moral pour un moment, d'être réduits à la marche à pied. Il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur.





Nous pensions être protégés de cette calamité avec les deux fermetures de sécurité, vantées inviolables par le vendeur, eh bien non ! Il a suffit d'un bon coupe-câble pour régler l'affaire.

Un essai infructueux effectué avec la grue du chantier de Manoël Island marina. Les dimensions de Pamplemousse dépassent les possibilités de la petite grue. L’annexe est raccrochée à l’arrière du bateau. Chat échaudé surveille sa marmite ! 



Manoël Island Yacht Yard.

(Photo du net) 



Direction Manoël Island Yacht Yard. The big chantier. Les prix sont corrects. Le chef de chantier hyper sympa. Dès le 24, les travaux vont bon train. Ça  s’active de tous côtés. Il n’y a plus qu’à laisser faire après avoir donné les directives.


Nous récupérons une voiture de location. L’objectif est la visite de M’DINA. Pour le coup, fortuitement, on découvre un supermarché plein de détours et de contours. Il faut se munir d’un GPS et se tenir par la main pour ne pas s’y perdre. M'dina fut la capitale de l'île avant la fondation de La Valette. C'est maintenant une petite bourgade historique de huit cents habitants aux rues étroites et tortueuses bordées d'austères et magnifiques palais, églises et couvents. Y déambuler à l’ombre de ses monuments procure un plaisir indéniable.


Le 25, bricolage sur le bateau. L’éolienne défectueuse est démontée et remontée pour la nième fois. Un roulement est changé. Résultat nul. Edmée est au shopping à BIRKIRKARA. Pour moi, après-midi golf à Marsa. Retrouvailles avec l’" Emmanuelle ", qui vient d’arriver à Manoël Island Marina. Nous l’avions quitté à Sidi Bou Saïd en Tunisie l’année passée. Apéritif animé et bien arrosé. Nous apprenons que Francesca est une amie d’enfance de Laurence Leroux.


malte_3L’installation du propulseur d’étrave par le chantier de la Marina di Stabia à Naples a été sabotée. L’alignement est à revoir. Le tube est aussi trop grand, réduisant son efficacité mais ça, c’est trop tard pour le modifier.


Visite de GOZO, l’île-sœur de Malte. Il faut traverser Malte en diagonale, soit trente kilomètres, c’est pas la mer à boire, pour prendre le ferry. C’est Malte tout craché au niveau architecture. L’ambiance est simplement plus bucolique, champêtre. La densité de population est bien inférieure à la grande sœur et son activité plus axée sur l’agriculture. Victoria, l’ancienne Rabat, capitale de Gozo, était à l’origine une simple forteresse abritant les habitants des attaques de pillards. Elle fut rebaptisée en 1897, en l’honneur de la reine d’Angleterre éponyme. La citadelle et les remparts sont immenses. Les églises sont multiples et somptueuses. Pour ceux qui n’aiment pas le décorum des églises, surtout ne pas venir à Malte ou à Gozo. Les petits ports foisonnent. Ils sont souvent dénaturés par les hôtels. Par bonheur, la pierre locale continue à être utilisée, ce qui atténue la laideur des constructions modernes et maintient une harmonie de couleur. Comme à Malte, la population est très serviable est accueillante.


Ma mie chérie s’est 

baignée… les pieds !

(Photo non contractuelle)

Le lendemain, retour vers l’extrémité de Malte pour visiter le village de Popeye, dont le guide dit le plus grand bien. Déception. Un minable petit parc d’attractions pour gamins à peine sortis du couffin. Baignade, palmes, masque, tuba. Nouvelle déception. Outre que l’eau est glaciale, pas un seul poiscaille, et les sirènes en bordure de plage sont boudinées comme des chaudrons. Ma mie chérie s’est baignée… les pieds !


Le mardi 30, remise à l’eau. Comme le travail sur la girouette et sur le réglage du haubanage n’est pas terminé, le chantier autorise à ce que nous restions gratuitement jusqu’au départ, mouillés à côté de la darse.



Intérieur de la co-cathédrale
Saint-Jean.
(Photo du net)


Enfin, nous tombons sur le bon créneau horaire pour la visite de cette fameuse co-cathédrale Saint-Jean. Epoustouflant. Elle dépasse en beauté tout ce qu’on a déjà vu et ce qu’on pourrait imaginer ! Elle est l’œuvre de l’architecte maltais Gerolamo Cassar. Elle s’appelait autrefois l’église des chevaliers. Elle a en germe le style baroque. Elle a pu être aussi richement décorée grâce aux dons des grands maîtres et chevaliers de l’Ordre de Malte. Elle abrite en outre une collection impressionnante d’art et d’objets, en particulier la « décapitation de saint Jean-Baptiste » par le Caravage, considérée comme l’une des plus belles peintures au monde. La co-cathédrale Saint-Jean est une co-cathédrale car elle partage ce titre avec la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de M'dina.


KaraOké géant sur l’avenue qui fronte le chantier. Sono de tous les diables. Les pauvres, ils sont tellement mis à mal avec toutes ces églises qu’ils se vengent comme ils peuvent. Les jeunes sont complices et se vautrent dans cet assourdissant tapage. Profitons-en pour visiter l’église outrageusement illuminée que l’on admire dès le coucher du soleil sur les hauteurs de Smida. Dieu que c’est loin, mais qu’elle est belle ! Les sœurs, charitables envers les deux touristes, jouent gentiment les guides.


Les feux d’artifice sont continuels et interminables. La journée, les tirs de canons prennent le relais. On se croirait à Beyrouth. C’est la fête nationale qui s’éternise.


5 juillet, 14heures 10, Gilbert débarque du coucou d’Air Malta. Il n’est pas frais comme un gardon, mais il tient la route. Et la route nous mène à débarquer les bagages, rendre la voiture et sauter dans le bus pour profiter au mieux de Malte. Nous voulons lui montrer le bijou des bijoux : la fameuse co-cathédrale. Pas de chance, les curés sont en grève. Porte close. Idem pour le moindre lieu de culte. Pas facile de prier à Malte.

Les remparts de Malte.
 
(Photo du net)

Départ pour CATANIA à 17 heures 30. Les murailles de Malte défilent à nouveau, dans l’autre sens. Gilbert tient la secousse et compagnie jusque tard dans la nuit. Les feux d’artifice illuminent le ciel de Malte et nous accompagnent dans un adieu étincelant. Bon vent de travers toute la nuit avec un Pamplemousse qui caracole avec sa jupe toute propre.



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