samedi 11 septembre 2010

ALGÉRIE, L'ÉMOTION, TOUJOURS !



ALGÉRIEL'ÉMOTION, TOUJOURS !


Cet article commence à MADRID
Début 2010
Mes coéquipiers sont (est) Edmée, étape terrestre

ALGER, le jardin d'Essai
L’avion se pose à Madrid dans les temps. Mais commence alors un interminable chemin de croix. Longue attente au guichet d’enregistrement. Longue attente au contrôle sécurité. Trajet genre chasse au trésor pour rejoindre la porte d’embarquement. Ascenseur en haut, ascenseur en bas. Train navette ultra rapide pour changer de terminal. Escalator arriba, escalator debajo. Tapis roulant de bout du monde. " Donde esta la puerta sesenta uno ?  - Siga todo derecho, todo derecho ! " Ultime énigme : comment allons-nous pouvoir faire tout ce trajet inverse, prendre le métro à temps et rejoindre la gare Atocha où vont nous attendre nos amis Alice et Patrice, qui prennent le même train que nous ? Ils risquent de nous attendre sur le quai pour rien. Comment les retrouver après ?

Pour finir, un bus nous emmène en bout de piste, où nous attend l’avion. On a l’impression d’être des pestiférés. Les Algériens à bord sont flegmatiques. Habitués à ce genre de ségrégation ?

Quand l’avion enfin touche la piste et qu’Edmée foule le sol de cette Algérie qu’elle a tant rêvé de connaître, elle ne peut s’empêcher de laisser couler une larme. L’émotion est trop forte.


Amar nous attend avec ce sourire chaleureux et cet accueil spontané qui m’avaient tant secoué l’an passé.

Stop-over immédiat au cash machine de l’aéroport. Pas de bol, il est en panne et ne crache pas même une information.

A DELLYS
Direction Dellys, direct. J’insiste, quitte à passer pour un trouble-fête, car nous n’avons pas l’intention d’être à la charge de nos hôtes une fois de plus : " Amar, il faut s’arrêter à une banque ! " Il fait à contrecœur un arrêt à une Société Générale. La banque refuse de nous donner des dinars sur foi de notre carte de crédit. Le distributeur ne sert que les cartes algériennes, pas les internationales. C’est mal parti. Il faudra essayer au siège de la Société Générale à Alger.

Au passage, nous constatons que les travaux de l’autoroute qui, à terme, devrait relier les trois pays du Maghreb sont imposants et vont bon train. Une fois terminé, ce lien améliorera peut-être les relations tendues entre l’Algérie et le Maroc. Espérons-le !


L’accueil de la famille d'Amar est toujours aussi chaleureux. L’épouse Hamida et la fille Amel s’entendent tout de suite à merveille avec Edmée. Elles papotent déjà comme de vieilles connaissances. Hamida et Amel assistées de Samia, l’épouse d’Anis le fils aîné,  ont mijoté un excellent dîner. C’est un grand bonheur pour moi de les retrouver et une grande émotion pour Edmée, qui a l’impression d’être dans sa famille, me confie-t-elle discrètement.
Visite de la ville. Arrêt à la librairie de Moh, le point de ralliement des francophiles incorrigibles protestataires.

DELLYS
Nous partons pour TIGZIRT. Dix-neuf kilomètres en route directe, mais celle-ci est interdite par l’armée, omniprésente. Soixante kilomètres au moins par celle de la montagne. 

La circulation est fréquemment ralentie par les barrages de l’armée, de la gendarmerie ou de la police, sans compter les faux barrages, les plus dangereux. Chacun les leurs, il y en a pour tout le monde. Ils fleurissent en bouquet comme les fleurs des champs au printemps. Amar peste contre ces barrages mais reconnaît que, sans l’armée, l’Algérie ne serait pas sortie de ses années noires qui ont endeuillé tant de familles.

TIGZIRT fait partie de la wilaya (département)  de TIZI OUZOU. Ville côtière de KABYLIE, ses atouts touristiques sont la beauté de ses paysages, son îlot à quelque dizaine de mètres de l’ancien port et ses ruines romaines. C’est la station balnéaire de la Kabylie. 

Le week-end, qui commence le vendredi, et nous y sommes, une foule innombrable envahit la plage, le port et les restaurants qui affichent complet à toute heure. L’Algérie a opté pour le week-end semi-universel : vendredi et samedi. La semaine de travail commence le dimanche.

Visites des vestiges romains et séances de photos. Le retour est laborieux, dangereux même. Les bouchons sont plus hermétiques que jamais. Des impatients doublent en plein virage la file de voitures alors qu’en sens inverse les bouchons deviennent beaucoup plus fluides. La file est évidemment moins fréquentée.

Trois quarts d’heure de stress, de fatigue, de danger à cause de barrages sensés contrôler et éradiquer le terrorisme. A ces occasions, ils ne font qu’exaspérer la population.

Le 31 juillet, départ pour TIZI OUZOU, capitale de la KABYLIE.
Amar nous fait un prêt de 20.000 dinars, l’équivalent en gros de 200 euros. Parallèlement, j’ai envoyé un mail à mon chargé de compte à la Société Générale, ce brave monsieur Hazard, qui se démène pour me sortir de cet embarras. Après cinq essais dans les distributeurs de Tizi Ouzou, il faut se rendre à l’évidence : l’Algérie ne court pas après les cartes internationales. Edmée n’ose pas acheter. Elle a compris que ce sera la croix et le tchador pour rembourser les achats. Avec ces 20.000 dinars de prêt, elle est soulagée.

La conquête de la haute Kabylie n’a pas été une sinécure pour l’armée française. Vingt-sept ans de lutte armée ont été nécessaires pour arriver à bout de la résistance Kabyle. Même après cette date, l’armée française n’a pas cessé de subir un harcèlement quotidien qui atteint son paroxysme avec la grande insurrection de 1871. Elle est durement et difficilement réprimée. Les meneurs sont emprisonnés, sommairement jugés et expédiés au bagne de Nouvelle-Calédonie. S’ouvre alors une page d’histoire qui unit ceux qui sont restés en terre d’exil, comme les Arabes de Nouvelle-Calédonie avec leurs racines kabyles ayant transcendé les années et les générations.


Le parcours vers la haute Kabylie est ponctué d’arrêts pour filmer et photographier les milliers de cigognes qui nichent au coude à coude dans les arbres déplumés du bord de route. Quand je pense aux milliers de touristes qui photographiaient et filmaient la seule cigogne perchée sur un clocher en pleine Alsace, je croyais alors l’espèce en voie de disparition.
Anis et son épouse reprennent la route pour Alger, tandis que nous continuons sur la haute Kabylie et le bourg de BENI YENNI, où Amar connaît un fameux restaurant où il se restaurait, il y a 25 ans de cela. Le BRACELET D’ARGENT est toujours là. Il a changé de look et de propriétaires. Il est, d’après Amar, plus chatoyant, plus coloré, mais peut-être que le temps a terni un peu ses souvenirs. La vue sur la vallée est sublime. La cuisine excellente. Exploit : je réussis, non sans mal, à payer l’addition. Ce manquement aux us et coutumes met Amar de mauvaise humeur.

Beni Yenni, c’est la ville des bijoux kabyles. C’est dire si nous ne pouvons pas faire autrement que de sacrifier quelque temps à chiner dans les boutiques. Edmée achète un collier tandis que Hamida et Amar complotent pour m’acheter une chaîne en argent ornée d’une ancre de marine. Le bijoutier goguenard prévient : " C’est pas pour les marins d’eau douce ! " Amar réplique aussi sec : " C’est pas un marin d’eau douce, il est venu de Nouvelle-Calédonie avec son bateau ! - La Nouvelle-Calédonie, mais je connais ! Je connais la famille d’un des déportés, il s’appelait Ibazizien. Son nom a été transcrit sous celui de Bouaziz ! - Mais tu as, ici, une descendante de ces déportés ! "

Il révèle alors avoir pleuré en regardant le film "LA MEMOIRE OUBLIÉE"  qui est passé à la télé algérienne en plusieurs épisodes. Ce qui lui avait donné des sueurs froides dans le dos fut de voir les restes de fers et de chaînes dans le bagne de Nouville. S’ensuit une conversation animée et émouvante, au point que pris par l’émotion suscitée par cette conversation insolite, j’en oublie de déclencher la caméra et de filmer ce moment inoubliable. Cette séquence valait pourtant la peine d’être enregistrée, de par la spontanéité et la chaleur humaine qu’elle dégageait. Plus, en tous cas, que n’importe quel paysage. J’ai pensé un moment après revenir à la boutique et refaire jouer la scène, mais elle n’aurait jamais eu l’authenticité du moment vécu sur le coup.

Il semble, en tout cas, que ce film ait eu un impact considérable, car il a été évoqué maintes fois quand nous parlions de notre Caillou.

Retour sur Dellys, avec arrêts incessants sur des panoramas époustouflants. Les méandres de l’immense barrage qui alimente en eau toute la région, y compris Alger, sont majestueux. Cette caméra que je maudis de ne pas s’être manifestée au bon moment sert tout de même. Maudit sois-tu toi-même, cinéaste de pacotille ! Il faut toujours prendre bien soin de ne pas braquer son objectif sur un barrage de police, une installation militaire où un homme en uniforme. C’est valable pour tout le Maghreb.

Le barrage de Taksebt parfois Taqsebt est actuellement un grand barrage hydraulique sur la rivière de Taxuxt (Takhoukhth), et son prolongement la rivière de Ait Aïssi dite Oued Aissi, entre Aït Iraten et Ait Aïssi dans la wilaya de Tizi-Ouzou en Kabylie , Algérie. Sa capacité est de 180 millions de mètres cubes. Le barrage de Taqsebt qui s’étend sur une surface de 550 ha, se trouve à 10 km à l’Est de la ville de Tizi-Ouzou. Il a nécessité un investissement de 540 millions d’euros et a été officiellement mis en service le 5 juillet 2007. Il est alimenté par les eaux de pluie, de fonte du manteau neigeux du Djurdjura et des eaux usées du grand bassin collecteur. Il comprend une station de traitement, une station de pompage, des tunnels dont une canalisation de 95 km pour permettre le transfert de 150 millions de m3 par an.


Dîner chez Amar Maabout. Il y a son épouse Sadjia, sa fille Ilhem, sa belle-fille, l’épouse de Lyès qui nous guidera à travers Alger et ses secrets, et sa petite-fille. Amar a été maire de Dellys durant deux mandats consécutifs. Il nous raconte comment, par miracle, ils ont échappé à un attentat. Impressionnant. Comme toujours, accueil irréprochable. Sadjia a cuisiné des mets traditionnels excellents. Superbe soirée.

Chez Moh le libraire, à l’occasion de la LOYA GIRGA, ou aussi le BLAGUOIR, la grande réunion traditionnelle et quotidienne des anciens où on refait ce monde qui en a bien besoin, un participant me reconnaît. Il s’étonne de ne pas voir à mes côtés Gilbert. Il demande de ses nouvelles. Il a tôt fait de me baptiser  « beau-frère d’Amar ». Quand Amar s’étonne de cette soudaine filiation, il s’insurge. " Il a bien pris une fille de chez nous, alors c’est ton beau-frère ! " assène-t-il, péremptoire. Je n’ai plus qu’à me laisser pousser la barbe et porter la djellaba.

Cimetière français de DELLYS
Rendez-vous est pris pour une visite du cimetière français dans l’après-midi. Edmée se joint à nous pour cette visite, guidée par Amar et Moh. Ils ont fait un travail remarquable depuis notre visite de l’année dernière avec Gilbert. Les allées sont désherbées, nettes. Des plantations florales ornent tous les coins et recoins. Le cimetière revit, si l’on peut dire. Quel dommage que Gilbert ne soit pas venu.

Il est pourtant parmi nous, avec les messages que lui fait quotidiennement Amar. Gilbert a imposé d’être informé de tous nos faits et gestes dans le détail.

Diner chez Moh, tandis que Sami, Hamida et Amel s’en vont pour Tizi Ouzou assister au mariage traditionnel d’une cousine. Hamida prie Edmée de venir assister avec eux à la fête, qui promet d’être grandiose. Edmée, trop intimidée, refuse obstinément. Belle occasion manquée de vivre une coutume en direct. Je confie ma caméra à Sami avec mission de ne pas rater une séquence.

Moh et sa famille ont mis les petits plats dans les grands pour nous recevoir. Il y a Moh, bien sûr, le patriarche, le sage, son épouse Zineb, son fils aîné Lyès, son deuxième fils Zoheïr, ses filles Khadidja et Nassima la petite dernière et, bien entendu, celui qui ne sera jamais oublié, Amar. Les femmes ont concocté le repas servi traditionnellement pour la fin du jeûne du ramadan. Il y a, au menu, la chorba, que nous avons déjà fortement appréciée chez Amar au point qu’Edmée en a scrupuleusement relevé la recette, boureks à la viande et au thon, boulettes de viande en sauce, poulet en sauce avec des doigts de mariée (viande plus amandes) salade, et piments pour les amateurs. Dans ce cas-là, moi je veux bien faire le ramadan toute l’année !

L’ambiance devient vite familiale et festive. C’est incroyable comme nos hôtes ont le don de nous mettre à l’aise, au point de nous sentir de la famille. Les discussions s’en ressentent et sont animées, ouvertes, spontanées, décontractées. Nous sommes chez nous, dans notre famille. Sans avoir l’air de rien, c’est très émouvant.

Hamida, Amel, et Sami le metteur en scène reviennent du mariage avec une collection de belles images et de bons souvenirs. Ils nous content une fête avec cinq cents invités mais dont ils n’ont pas vu la fin pour ne pas achever notre chauffeur Sami. Il a très peu dormi mais ne se défile pas pour nous conduire jusqu’à Alger. Edmée n’est pas très rassurée mais Sami démontre rapidement qu’il maîtrise la situation.

Crochet par l’aéroport, pour faire cracher des dinars à une machine à sous récalcitrante qui s’agrippe à ses billets comme Harpagon à ses pièces.
Vue de l'hôtel Albert 1er 
L’hôtel Albert 1er est magnifique et très bien situé, en plein cœur d’Alger, à deux pas de la célèbre et magnifique grande poste et en face du port.
L’accueil est chaleureux. Le personnel, la direction, se mettent en quatre pour nous aider dans la moindre de nos demandes. Seul désagrément, l’hôtel ne prend pas la carte de crédit. Par bonheur, nous avions retiré assez de réserve à l’aéroport. Il en manquera pourtant pour le shopping. Nous avons rendez-vous demain à 9 heures avec Lyes, le beau-fils d’Amar Maabout et son amie Oum Kalthoum Marouf-Araïbi. Elle est guide officiel de métier, pour Alger et la casbah en particulier. Son prénom Oum Kalthoum est celui de la fille du prophète et, accessoirement, celui de la plus grande diva de la chanson arabe. Pour simplifier, et à sa demande nous l’appellerons Oum.

A 9 heures tapantes, ils sont là. La casbah, cette forteresse ceinturant, à flanc de colline abrupte, un inextricable fourmillement de constructions plus ou moins anarchiques. Elles sont reliées par des ruelles étroites, des couloirs minuscules, des escaliers, sous lesquels se cachent de minuscules ateliers introuvables, des échoppes variées, des demeures étroites et surpeuplées. Cette toile d’araignée communique d’est en ouest, du nord au sud et de bas en haut. On peut naître et mourir dans la casbah sans jamais en être sorti.

C’est ici que s’est déroulée la bataille d’Alger. Elle a toujours été un refuge pour les moudjahidines qui luttaient pour la libération de leur pays. Ils trouvaient là d’innombrables cachettes et bénéficiaient de la complicité d’une population tout acquise à la cause. On nous montre des cachettes à l’intérieur de puits où camouflées derrière le mur d’une habitation.

Notre guide achète de quoi reprendre notre souffle. Elle nous fait inviter à l’intérieur d’une demeure propre et bien tenue dont la propriétaire, menue petite dame au sourire triste, nous conte son histoire : une décennie en France, pas dans le XVIe, un mari paresseux, galère, divorce. Retour à la case casbah sans trop de ressources, ni beaucoup de besoins, d’ailleurs. Nous laissons quelques subsides, d’abord fièrement refusés puis acceptés avec force reconnaissance.
Chaleureux accueil dans la casbah
Elle nous montre où se cachaient les moudjahidines lors des descentes - qui étaient plutôt des montées - des forces françaises. Nous comprenons pourquoi cette guerre d’indépendance ne pouvait avoir que l’issue qu’elle a eue. Nous visitons le musée consacré aux moudjahidines morts pendant la BATAILLE D’ALGER. Il a été construit sur l’emplacement exact de la construction qui s’est effondrée sous les assauts de l’armée, entraînant dans la mort tous les combattants qui refusaient de se rendre, y compris leur chef et l’enfant qui leur servait d’estafette.

De la casbah, on tombe dans le souk animé, coloré, parfumé, surpeuplé. Il faut se faufiler parmi une foule dense pour atteindre l’objectif, à savoir une carriole où trônent de magnifiques melons et de succulents raisins noirs que nous connaissons bien pour les avoirs maintes fois dégustés chez Amar. Le souk est, bien entendu, le domaine des pickpockets qui profitent de cet entassement humain pour effectuer leurs larcins.

NOTRE-DAME D'AFRIQUE
La visite du jour se termine par la basilique NOTRE-DAME D’AFRIQUE. Lyes et Oum entrent avec nous. Ils connaissent bien la mère supérieure. Nous entrons dans une longue conversation avec elle. Une de ses religieuses a fait un séjour en Calédonie. Elle nous fait visiter sa cathédrale. Explique les plaques en l’honneur des prêtres assassinés à Tibhirine, et dont un film sorti récemment en France connaît un immense succès : « Des Hommes et des Dieux »
C’est une leçon de tolérance. Les deux confessions, que la voix officielle dit antinomiques, attentatoires, ennemies même, peuvent s’entendre à partir du moment où chacun respecte l’autre et accepte les différences.

En rentrant à l’hôtel, je ramasse au passage l’édition du jour de "l’Expression". Un article m’interpelle. Le quai d’Orsay classe l’Algérie comme second pays à ne pas visiter, en raison de son insécurité. Je me promets d’y répondre. Ce que j’ai fait. Vous trouverez ma réponse dans le blog, sous le titre "QUAND L’HOPITAL SE FOUT DE LA CHARITE".

La soirée se termine dans un petit restaurant de la pêcherie : L’AIGLE DES MERS. Nous y dégustons d’excellentes crevettes grillées à l’ail. Lutte féroce pour payer l’addition. Le serveur est complice et respectueux de l’étranger. Il ne sait plus comment agir. Peine perdue. La tradition fait force de loi.
Mercredi 4 août. Oum arrive avec un chargement de boissons, certaines de sa fabrication. Taxi pour l’AGENCE ALGERIENNE POUR LE RAYONNEMENT CULTUREL suivie du MUSEE NATIONAL DES ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES. Remarquable pinacothèque où se laisse admirer une concentration étonnante de peintures, européennes principalement, mais aussi de sculptures orientales. 

Les jardins d’essai du HAMMA en contrebas cachent un bois épais où, paraît-il, a été tourné le premier TARZAN, avec son célèbre interprète de l’époque, Johnny Weissmuller. Est-ce une légende ? En tous cas, le parc est magnifique. Nous prenons le téléphérique pour vingt dinars, à peine vingt centimes d’euro ! pour monter au monument des martyrs, qui abrite en sous-sol et entre autres le MUSEE des MOUDJAHIDINES. Il retrace toutes les résistances au colonialisme jusqu’à l’indépendance.

Edmée veut visiter le célèbre hôtel EL DJEZAÎR anciennement SAINT-GEORGES. Magnifique, splendide, tous les superlatifs n’y suffisent pas. Edmée insiste pour que nous dînions là. Hélas, le cadre et la fioriture ne font pas la bonne nourriture, ni la qualité de l’accueil. Un personnel figé dans une froideur distante. Pas un mot de sympathie ni un sourire complice. Une lenteur désespérante malgré un personnel pléthorique dans une salle vide. Une note plus salée que la sauce promise qui arrive au dessert. Beurk. A ne pas recommander, même pour un repas gratuit. Mieux vaux manger dans un McDo, on est plus vite servi, c’est aussi dégueu mais, au moins, on a droit à un sourire, n’en déplaise à José Mauvais !

Cette veille de départ, il faut encore aller traîner dans la casbah pour acheter des « Mains de Fatma » chez un artisan qui fait un travail remarquable. Pas facile à retrouver mais c’est sans compter sur le sens de l’orientation extraordinaire, infaillible, d’Edmée. Elle est équipée d’un radar doublé d’un GPS et d’une mémoire externe de dix mille gigas incorporée. C’est robowoman invincible ! Après d’impressionnants détours, elle retrouve son orfèvre. Il la reconnaît. En fait, ils se reconnaissent. Elle en achète une tripotée pour offrir à la tribu de Nessadiou. Il se laisse filmer, lui et son échoppe remarquable, avec complaisance et fierté. Je serais bien incapable de retrouver le souk sans demander mon chemin une bonne quinzaine de fois !

Hamida et Sami nous font la surprise de nous inviter à déjeuner. Sami explose de joie. Il a reçu son visa pour poursuivre ses études à l’université de Paris XV. Il était terriblement inquiet, au point d’en perdre appétit et sommeil. Son avenir suspendu à la volonté d’un fonctionnaire. Supplice ! Il avait de sérieuses raisons de l’être : son frère aîné avait demandé un visa touristique de quinze jours pour visiter sa sœur à Paris. Refusé. Sans motif. C’est la contradiction et le paradoxe de la politique française : on laisse entrer illégalement dans l’hexagone une masse de population sans qualification ni emploi, ni moyens, qui vient grossir la meute des sans-papiers qui profitent des bienfaits de la société française, sans même la reconnaissance du ventre, et on fait des difficultés à la partie de la population, francophone et francophile, qui fait les choses dans les règles et dont la culture française est souvent au-dessus de la moyenne des Français de souche. Incohérence !

Le 6 août, nous décollons d’Alger avec l’impression de laisser derrière nous, surtout à Dellys, une partie de notre famille. Comment pourrons-nous ne pas y revenir un jour ?


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