vendredi 29 octobre 2004

DE HERVEY BAY À BOWEN


DE HERVEY BAY À BOWEN 


Cet article commence avant HERVEY BAY, Australie
Le 29 octobre 2004
Mes coéquipiers sont Karine et Franck DESCHAMPS, Déborah QUINET et Benjamin BONIFACY, puis Catherine et Henri MARTIN

Vendredi 29 octobre. Il faut se hâter car les jeunes doivent débarquer à HERVEY BAY où ils prendront le bus pour Brisbane puis l’avion pour PARIS le samedi soir. A la voile dans ce chenal qui n’en finit pas avec un courant qui contrarie notre marche presque en continu et le vent qui a sérieusement forci au point d’imposer une prise de ris, je n’en mène pas large, hanté par la perspective d’un nouvel échouage.


HERVEY BAY MARINA
L’entrée dans le port n’est pas des plus aisées avec des bancs de sable à l’affût de toutes parts. La marina est là. Nous accostons le premier wharf à portée de gaffe. 





L’après-midi est consacrée, après les opérations administratives avec la gérante de la marina, à contacter un réparateur pour le presse-étoupe, et à organiser l'arrivée des Valenciennois.



Maison typique du Queensland
à MARYBOROUGH

(Photo du net)
Dimanche 31 octobre. Je me colle le sac de golf sur le dos et à vélo me tape six kilomètres pour taper la petite balle. En récompense, je me fais le premier birdy de ma vie. J’entraîne Henry et Catherine à louer des vélos pour visiter ensemble MARYBOROUGH qui vaut, paraît-il, le coup de pédalier. Le golf-club étant sur la route de la ville en question, j’en profite pour faire un neuf trous vite fait bien fait. Après vingt kilomètres à bicyclette, nous décidons un cessez-le-feu immédiat. Henry et Catherine manquent d’entraînement et sont plus à l’aise pédibus dans les sous-bois de l’Ardèche qu’à se faire frôler par des semi-remorques rageurs.


La mise au sec du bateau est programmée pour le jeudi 4 novembre. Auparavant, plein de mazout et d’eau de façon à être parés à prendre le large dès la remise à l’eau. L’opération se déroule sans coup férir dans la journée. Pendant que les deux spécialistes se démènent pour démonter la vieille pièce et remonter le joint tournant tout beau tout neuf, je me tue à faire une grossière toilette de la quille et de la coque. Catherine et Henry en profitent pour compléter les provisions. A pied jusqu’au supermarché, ça fait quand même une petite trotte.


Le lendemain à 10 heures 30, le voilier flotte à nouveau. Nous mouillons dans le port, en infraction au règlement mais sur le conseil de notre réparateur. Il n’y a pas tellement d’autre solution pour remettre en place l’enrouleur de foc et le génois. Mes deux compagnons et leur solide expérience en la matière me seront d’une aide précieuse pour cette opération.


Cap sur BURRUM HEADS, à 12 milles d'HERVEY BAY. Cette destination à un avantage qui éclipse toute autre considération : c’est un « good spot » pour la pêche au crabe. Hélas, à quelques milles de la marina, la pompe de cale et son alarme se déclenchent : il s’avère que la petite fuite de mazout au niveau de l’accélérateur est devenue une grosse fuite. Le carburant coule joyeusement dans les fonds. Il faut faire demi-tour. Je préviens Chris, notre homme de confiance, par mobile interposé. Il sera là à 16 heures et nous demande de nous positionner au bout de la jetée du chantier. A l’heure dite, il arrive et répare en un tournemain.


Aux aurores samedi 10 novembre, le moteur fait un bruit de cliquetis anormal. Nez dans le moteur, Henry et moi démontons les supports d’alternateur, où une rondelle baladeuse semble en être la cause.


Décollage 7 heures. Cette fois, c’est un sifflement, lui aussi anormal, qui semble provenir du joint tournant et tout neuf, qui nous alerte. Mouillage à la sortie du port pour étude approfondie. Cliquetis, sifflement, il manque plus que la grosse caisse pour compléter l’orchestre. On humidifie le joint. Ça lui fait du bien. Nouveau départ. On met les voiles. On arrête le moteur. Enfin on veut, mais rien à faire, l’étouffoir n’étouffe plus rien. La croisière-galère s’accélère. Il faut se résoudre à arrêter le moteur directement, après avoir déplacé l’échelle de descente et soulevé le lourd panneau qui le recouvre.



BUNDABERG PORT MARINA
(Photo du net)

Comme de bien entendu, le vent de nord-nord-est qui souffle avec entrain depuis plusieurs jours, pratiquement dans l’axe de la route, ne s’arrête pas avec notre départ. Après 9 heures et demie de prés serré, nous atteignons BUNDABERG, à une soixantaine de milles d’HERVEY BAY. 


Dimanche 7. Cap sur PANCAKE CREEK, à 57 milles. Encore un « crab spot » qui m’attire comme une mouche sur du miel. L’entrée du mouillage n’est pas évidente. Je m’engage doucement au moteur. La marée est haute. Le fond remonte. Je fais cap sur la bouée rouge bâbord. Logiquement, il devrait y avoir plus d’eau par là. Hélas, nous talonnons. J’essaie de faire demi-tour. Trop tard. Piégé à nouveau, cette fois de façon impardonnable.

Nous mettons l’annexe à l’eau rapidement et je vais chercher du secours auprès d’un groupe de pêcheurs qui campent sur la plage non loin de là. En guise de secours, ils m’expliquent gentiment que pour rentrer il faut longer la côte sur bâbord et ensuite seulement faire cap sur la bouée rouge. Je retourne au bateau pour jeter le mouillage de secours avec ses quinze mètres de chaîne qui m’a si bien servi lors du précédent échouage. 


Les pêcheurs arrivent finalement et proposent de faire gîter le bateau en tirant sur une drisse. Je fais l’erreur, dans la précipitation, de leur refiler la drisse de grand-voile, rallongée d’un grand bout. Ils tirent tant et si bien qu’elle casse. Occupés à cette opération personne ne remarque qu’une écoute de génois s’est fait la malle et sournoisement se prend dans l’hélice. Résigné et habitué, il faut attendre la prochaine marée. 


Pamplemousse se vautre à nouveau sur le sable. Au cours de la nuit il se redresse, mais reste perché sur le sable. Au réveil, nous retrouvons la marée descendante et ce jusqu’à 10 heures. A trois, nous mettons en place le même dispositif avec la différence que l’eau profonde est cette fois devant. Arrive alors une annexe pleine à ras bord de pokens qui se proposent gentiment de nous aider. C’est inespéré et bienvenu. Ils prétendent avoir subi la même mésaventure lors de leur arrivée. Ils sont mouillés au fond de la baie. Déplacer le mouillage principal rallongé d’une grande aussière jusqu’à la pleine eau, avec cette aide précieuse, nous remet du baume au cœur.

La réserve d’eau est vidée. Tout est prêt. Il n’y a plus qu’à attendre la marée. Elle est haute à 16 heures 30. Nos sauveurs reviennent vers 15 heures. Dès que le bateau se redresse, nous raidissons les aussières des deux mouillages, préalablement passées dans les chaumards du balcon avant, sur les winchs à l’arrière ! Pamplemousse commence à avancer en creusant son sillon dans le sable. L’eau libératrice se rapproche. Pour accélérer la manœuvre, je pousse le moteur. Aucun remous à l’arrière, signe que l’hélice ne tourne pas. Nous winchons les soixante mètres d’aussières et quand nous arrivons à la chaîne, le bateau flotte, libéré de sa sablière.


Nous remercions chaudement nos saint-bernard australiens. Ils nous recommandent de faire appel au secours en mer de BUNDABERG si nous n’arrivons pas à réenclencher l’embrayage. Mais Henry est un futé. Nez dans la liaison moteur-boite de vitesse, il s’avère que certaines vis allènes du tourteau sont desserrées. Après serrage sérieux, tout rentre dans l’ordre, nous pouvons filer sur CAP CAPRICORN, à 42 milles et HUMMOCKY ISLAND, 7 milles plus loin, ou nous mouillons pour la nuit. Calmé à tout jamais de jouer à raser les fonds pour quelques malheureux crabes introuvables. J’irai au besoin les chercher sur les plateaux de Nessadiou au nez de la maréchaussée.



GREAT KEPPEL ISLAND
(Photo du net)
Mercredi 10. GREAT KEPPEL ISLAND, à 16,3 milles, sans forcer. Nous arrivons dans une baie tranquille, sauf qu’une forte houle se fait sentir. Avec l’annexe et à la rame pour faire un peu d’exercice, nous gagnons la terre ferme. Elle est gagnée au vrai sens du terme grâce à la houle qui déferle sur le sable et dont l’une d’elle nous propulse à la manière d’un surfeur expérimenté à folle vitesse, et nous nous retrouvons sans savoir comment à pied sec sur la plage. La houle nous ballote toute la nuit et c’est avec des gueules de déterrés mais déterminés que le lendemain nous mettons le cap sur PORT CLINTON, à 48,9 milles.


Départ à 5heures 30, arrivée à 15 heures 30, 10 heures de voile et moteur avec un vent pile dans l’axe.


Vendredi 12 novembre, PORT CLINTON-HUNTER dans l’archipel des DUKES Islands, à 51,30 milles à marche forcée. La vitesse est bonne. Après conciliabule avec Catherine, nous décidons de pousser jusqu’à l’île de PERCY, 12 milles plus loin dans le vent, mais où nous soupçonnons un bon mouillage bien au calme. Arrivée, après plus de 12 heures de navigation, dans un mouillage idyllique.


Samedi 13. Objectif SAINT BEES ISLAND, à 69,9 milles dans le nord-nord-ouest, très exactement dans l’axe du vent qui, qui plus est, s’acharne à nous violenter. Il souffle régulier à 26/30 nœuds. Nous profitons du courant de marée favorable pour tirer voile et moteur un long bord qui nous mène à 40 milles de l’objectif mais, en principe, possible à atteindre en un seul bord. Le vent forcit. Il faut prendre un ris, avec Henry. Le courant devient contraire. Tout pour plaire ! On joue les prolongations jusqu’à 22 heures 30, après 17 heures d’un près serré épuisant. 


Dimanche 14. Jour du Seigneur. Relâche. Visite de l’île. Causette avec un voisin, Australien du coin. Il nous donne la météo. C’est sympa de savoir ce qui nous attend. Essai sans succès de faire passer  un messager pour guider une nouvelle drisse.


Lundi 15 novembre. Cap sur HAMILTON ISLAND. Ça sent bon les vacances de milliardaires. C’est l’île la plus connue et la plus courue de la jet set, où les 747 se posent comme des mouches sur un gâteau de miel. Jacques et Daniel, joints par mobile, me persuadent de les retrouver à SHUTTLE PORT. Il y a 57 milles à courir. C’est pas la mer à boire malgré ce vent têtu et ce courant antagoniste. Quand même, en se traînant à 4 nœuds il y en a pour un moment. 


Dans l’après-midi, le vent adonne et forcit de plus en plus. Avec la renverse du courant, nous faisons cap sur l’objectif au petit largue à un bon 10 nœuds sur le fond. Ça change tout. En fin d’après-midi, nous prenons la liberté, faute de plus d’informations, de nous accrocher à une bouée à l’entrée du port. Seule nuisance : la meute de shuttles qui transportent des meutes de touristes au WHITSUNDAYS. 


Photo du net
Annexe à l’eau, nous filons à la découverte, quand un dinghy pourvu d’un sympathique mais ferme Australien nous intercepte et nous signale que nous squattons une bouée de la société FANTASEA qui exploite shuttles et touristes. Il vaut mieux avoir leur autorisation pour éviter de se voir couper les amarres sans autre forme de procès. 
Nous abordons au wharf de Fantasea. Accueil sympathique. Autorisation accordée. Nous sautons dans le bus qui fait la liaison avec AIRLIE BEACH, distant de quelques kilomètres, où nous savourons à la fois la vie trépidante de la petite cité touristique et une pizza australienne accompagnée de FOR X en guise de Chianti. 


Je retrouve les potes Daniel et Jean et leurs épouses et, bien sûr, notre bon Jacques et sa hanche boiteuse. Déjeuner sur Pamplemousse. Bain dans la piscine de l’hôtel où Daniel et Jean ont leurs chambres. Dîner thaï pour finir une journée bien agréable.
AIRLIE BEACH



Retour au bateau dans la voiture de location de Daniel. Malchance, les flics sont en embuscade. Notre chauffeur, qui n’a pas lésiné sur l’apéritif et le cabernet d’Anjou australien, n’en mène pas large et nous non plus. Silence de mort dans le véhicule. Daniel souffle dans le ballon à s’en faire péter les alvéoles. Le flic sceptique devant son doseur à ivrognes le fait recommencer. "C’est bon. Vous pouvez circuler". Soupir général de soulagement. Chacun s’interroge ! Comment ? Pourquoi ? "J’ai fait semblant de souffler ! " explique Daniel, placidement.


J’ai prévu de larguer la bouée aux aurores pour faire le plein d’eau au wharf de Fantasea avant la prise d’activité. Moteur en marche. En avant toute ! L’hélice ne tourne pas. Il faut mouiller. Nous essayons de revisser les vis du tourteau. Rien à faire. Je cours à la recherche d’un technicien. Je reviens avec Brad, qui revient avec Mike, qui revient avec Steve. Plongée d’inspection en bouteille : l’arbre d’hélice ne veut pas rentrer plus de 15 mm dans le tourteau, ce qui est insuffisant pour le saisir solidement. Décision est prise d’échouer Pamplemousse à marée haute sur deux piliers et d’attendre la marée basse du lendemain pour intervenir à pied sec, ou presque.

Vendredi 19 novembre. A l’heure dite, le commandant du port en personne, affublé de Brad et de son technicien, prennent les choses en main en même temps que la barre. Je deviens spectateur. Les deux zodiacs, collés aux flancs comme des rémoras, mènent le fier voilier vers un échouage pour une fois volontaire. La manœuvre se déroule parfaitement. Le lendemain, l’arbre d’hélice est remis en place, non sans mal, et le tourteau resserré.


Samedi 20 novembre. A marée pleine haute, Pamplemousse gagne le wharf pour faire le plein d’eau par ses propres moyens et cap sur BOWEN, où j’ai prévu de laisser le bateau passer la saison des cyclones. Adieu les WITSUNDAYS. « Ça ne vaut rien, c’est trop touristique !" affirment en cœur Henry et Catherine. Au petit matin, nous sommes en vue de Bowen. Je m’égosille à la VHF à appeler Bowen port authority. Pas plus de succès avec le mobile pour contacter Eric, ma French connection dans la région. 
Finalement, nous rentrons dans l’étroit chenal au quart de poil et apercevons Eric qui nous attend à l’entrée de la marina, et qui nous guide vers notre emplacement. La marina, bien protégée, est constituée en majorité de pieux en béton sur lesquels sont amarrées les embarcations. Elle est peu profonde. Il n’y a pas de circulation d’eau, ce qui fait que les coques s’encrassent rapidement. J’en ferai l’expérience.


Dîner chez Eric, jovial et blagueur comme pas possible. Je fais la connaissance de Charly, le mécanicien qui se chargera de changer les supports moteur plus que fatigués. Quant à la BLU et à la VHF qui n’ont jamais daigné fonctionner, c’est Jim qui s’en chargera. Mais déjà, il me soulage de 60 dollars. Pour le diagnostic ! En attendant, il faut procéder au désarmement complet de Pamplemousse. 
Tout ce qui est extérieur est démonté. La grand-voile dirigée à la voilerie, qui accouchera d’une toute neuve. L’annexe et le propulseur chez Eric qui va s’encombrer pendant trois mois de ce matériel. Nous prenons congé d’Eric et de Gerda, qui ont été tellement efficaces, serviables et généreux avec, entre autres, les excellentes mangues dont nous avons fait ripaille.


A TOWNSVILLE, Jacques, fidèle à lui-même, nous offre coucher et couvert et en sus le transport. Il faut se battre pour qu’il accepte une petite compensation.


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