mardi 27 septembre 2005

SRI LANKA -GALLE


SRI-LANKA – GALLE


Cet article commence à GALLE, Sri-Lanka?????????????
Juin 2005
Mes coéquipiers sont Michel.
????????????? puis Philippe????????????

Drapeau animé du Sri Lanka par Pascal Gross

 

Remède contre la sympathie. Après l’établissement d’un passe payant valable seulement deux jours même si vous restez une semaine ou un mois, en arrivant de Colombo à 2 heures du matin, c’est une calamité que de subir la lenteur d’un bureaucrate.

C’est pourtant une première étape bien douce. La seconde l’est moins : le passage obligé à la douane portuaire. Celle de l’aéroport de Colombo ! Sucrerie ! 


Un fonctionnaire, en civil plutôt débraillé, le regard fuyant mais sévère, nous reçoit après nous avoir fait poireauter un bon quart d’heure. Accompagné par Nuwan, délégué de la GAG Shipping*, l’agent responsable du bateau. Il me fait monter les bagages à l’étage, sauf toutefois mon lourd sac de 26 k. Le douanier, aviné à l’évidence, dissèque mon passeport jusqu’au détail des moindres tampons et cachets venus l’entacher au fil des allées et venues à travers les frontières.

 

De la première à la dernière page il flâne et s’attarde. D’un œil éteint, il demande : « Avez-vous des devises ? » Réponse concise et liminaire « Non ! » Il prend son stylo, me regarde comme si j’étais Al Capone. Je me dis qu’il va enfin signer et apposer son tampon libérateur. Il le repose et replonge goulûment dans mon passeport.

Il lève une tête fatiguée et demande à nouveau, d’un air ahuri, naturel, quoi : « Avez-vous des devises ? » Nuwan se gratte la gorge. Je le regarde. Avec le pouce et l’index frottés vigoureusement l’un contre l’autre il veut m’initier à la coutume locale : le bakchich !


Je feins ne pas comprendre et je m’énerve : « Je n’ai pas de devises ! Si j’ai besoin d’argent j’ai des cartes de crédit ! » Il signe, tamponne et passe à l’examen minutieux des bagages. Il feuillette les nombreux bouquins qui alourdissent les bagages à main et le sac à dos. « French? - Yes, it’s noticed on my passport! » Libéré. Quel bonheur ! On redescend quatre à quatre. Dans le hall, au passage, j’empoigne le lourd bagage.


Un hurlement nous fait nous retourner. Le teigneux nous a suivi, « C’est à vous ce bagage ? Montez avec ! » En débarrassant une grande table crasseuse, il me fait signe d’y poser le sac et de l’ouvrir. En parallèle, il se prend de bec et presque de mains avec Nuwan, rendu responsable de ce manquement au règlement. C’est la totale.


La fouille est minutieuse, détaillée, volontairement alanguie. Je réponds par monosyllabes à ses questions insipides. Je tombe de sommeil mais je m’en fous. Je sais que mon sac ne contient rien de répréhensible. Il se lassera avant moi. Il est 4 heures du matin quand je suis libéré de cette quasi-garde à vue et de cet abus du pouvoir conféré à une tête sans neurones. 




... attristant !

Le premier examen de Pamplemousse est attristant : le côté bâbord, en contact violent avec le quai à chaque coup de boutoir provoqué par la houle, a morflé. Deux chandeliers, le plat-bord, le balcon avant et le bout-dehors sont tordus, la peinture rabotée et salie par le frottement des pneus. Mes belles aussières sont en charpie.

 

Soyons optimiste ! Ce n’est que de la tôlerie ! Michel qui devait me retrouver à l’aéroport arrive le lendemain. Michel, bien portant, papy jovial, parlant haut, il connaît le Sri-Lanka comme sa poche. 


Il y a monté, il y a vingt ans passés, une énorme unité de pompage de l’eau des rizières à Matara, dans le sud, à quarante kilomètres de Galle. Installation financée par les deniers français à hauteur de trois cent cinquante-quatre millions de FF. Alstom-Rateau est le concepteur et Bec-frères le maître d’œuvre. Il piétine de revoir son œuvre, sa maison et les survivants de cette époque héroïque.

 

Mon mentor-policier-guide touristique et vendeur de pierres précieuses presque vraies à ses heures, l’y transporte (presque) gracieusement. Il y retrouve une usine envahie par la végétation, à moitié hors d’usage. La maison est par contre en état. Habitée par un représentant des ONG venues au secours des Singalais après le tsunami. Il ne se fait guère d’illusion sur la bonne fin des fonds qu’il a en charge de gérer. C’est le dilemme de ce pays rongé par la corruption.




TUK-TUK

La mendicité y est érigée et entretenue en art national, surtout depuis le tsunami. Impossible de sympathiser ou même d’entrer en conversation avec un quidam sans que cela se termine par une demande de rançon. Progressivement, je ne réponds plus que par un geste évasif au pourtant sympathique « Hello captain ! » Pire, j’évite de demander un renseignement. Sous prétexte d’aider, on vous conduit alors et on ne vous décolle plus jusqu’à l’inévitable demande de soutien familial pour cause de tsunami. Par exemple, on se fait escroquer de 120 roupies pour une course en tuk-tuk alors que l’indigène paye 30 roupies.


L’Européen est vu comme un coffre-fort. Il est bon pour cracher au bassinet. Le plein d’eau me coûte 2.000 roupies. Les vivres frais sont négociés par notre policier-bon-à-tout, sous peine d’avoir à payer trois fois le prix pour cause de faciès trop pâlot.

Philippe arrive le 21. J’ai demandé la clearance pour le 22 au matin. Philippe, carrure impressionnante, assurément sportif, quarantaine camouflée, cheveu ras sinon rare, barbichette à la d’Artagnan, a lui aussi des milliers de milles à son compteur. Il a un gros défaut : il fume.

 

La clearance, ce n’est pas triste non plus. Deux jeunes en tenue impeccable font une fouille minutieuse et approfondie du bateau. Pourquoi ? Mystère ! De nouveau, bakchich. Ils veulent des cigarettes et piquer la belle bouteille de whisky offerte par Philippe. Elle trône sur la table. Tentant. Evidemment. Ils n’auront rien. Je suis bien trop radin !

 

J’ai prévu de mettre le moteur en marche au dernier moment et de décoller lentement pour éviter de traîner dans ce port souillé par une multitude de déchets divers dont de nombreux sacs plastiques susceptibles de se laisser aspirer par la pompe et d’empêcher le refroidissement. 7 heures 30, nous larguons les amarres. L’échappement crache à merveille. A quelque distance du port, contrôle de la sortie d’eau du moteur : plus rien ne sort.

Retour à la case départ, à la voile. Jouissif ! Appel VHF auprès de GAG Shipping* pour un mécanicien. Il arrive sur-le-champ. Identifie la panne. C’est le réservoir plastique du pot d’échappement qui a fondu et évacue l’eau dans la cale. L’homme de l’art, petit, sourire crispé permanent, propose de remplacer le réservoir défectueux par un tuyau inox. Il promet son retour pour 13 heures avec la pièce et de la monter dans la foulée.

 

Peu après, le directeur de GAG   Shipping* m’appelle à la VHF. Il prétend nous faire remettre nos passeports à son délégué pour refaire une clearance. Je hurle mon refus et l’assure que c’est encore un moyen pour nous soutirer quelques roupies. « La réparation ne pourra pas être faite avant demain matin ! » Je réplique, impératif : « Faux, il a promis de revenir à 13 heures ! - Oui, mais il a beaucoup de travail ! » Ça sent l’arnaque ! Mais le coup de gueule a porté. A 16 heures, mécanicien et pièce de rechange sont là. Il faut partir avant 18 heures. Les sorties du port  de nuit sont interdites pour les voiliers. Encore une bizarrerie ! Dans les temps et pour 4.500 roupies, ce qui est très raisonnable, nous prenons le large avec la satisfaction immodérée de quitter ce coin pourri ou Pamplemousse a souffert de solitude et d’un poste à quai minable. Il me l’a dit. Il n’était pas content ! 

* Aussi, a-t-on idée de se faire assister par une compagnie qui porte un nom pareil ? (note du traducteur)



===OOO===

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire