mercredi 10 mai 2006

DES EQUIPIERS: MICHEL BESNIER EN EGYPTE ET MER ROUGE


 DES ÉQUIPIERS : MICHEL BESNIER

 EN EGYPTE ET MER ROUGE



Mai 2006
Premier  bon point pour Charly à mon arrivée à l’aéroport du Caire : il est là. Il n’est pas venu la veille, il n’est pas venu le lendemain, il est venu le jour même, et pile poil à l’heure…





Il avait même son chauffeur. On ne se refuse rien, je suis impressionné. Il me fait monter dans une antédiluvienne 504 Pigeot. Coup d’œil alentour: il n’y a guère mieux sinon d’antiques Fiat 1100 pas en meilleur état. Je n’ai jamais vu autant de ces deux modèles, comme quoi c’étaient de bonnes caisses ! La surprise, c’est que toutes ces antiquités roulent, et même fort bien, de vraies horloges, et fort vite. Avec force coups de klaxon et gymkhanas nous arrivons à l’hôtel. Miracle : aucun piéton écrasé. Hôtel grand luxe.



La ville du Caire, c’est poussière, klaxons, des feux rouges qui ne servent à rien ni à personne, pas de passages piétons, lesquels piétons : gare à vos fesses. Si vous voulez traverser, faites vite et remettez-vous en à Allah. Demain arrive Christian alias McGyver fils émérite de Charly.




Charly se lève en pleine nuit pour l'aller chercher à l'aéroport. " Tu veux que je t'accompagne ? - Non, non, pas la peine, reste à dormir." Quelques heures plus tard, je suis réveillé aux tréfonds de mon sommeil nonobstant les efforts faits par les visiteurs pour se coucher sans bruit. Je sursaute. " Tu es seul, Christian n'y était pas ? - Non, je me suis trompé de jour, il arrive demain." Charly !

Devant le musée du Caire

Musée du Caire, très intéressant, encore que pas mis en valeur et qu’il nous ait fallu deux heures pour nous y rendre au lieu d’un quart d’heure, escortés par un « docteur en art » pas du tout mercantile mais qui nous a tout de même fait atterrir dans son échoppe dont nous ne sommes pas sortis indemnes, même si le coca était offert. 


Christian est là, enfin. Heureusement, c'est lui qui prend les photos avec son bel appareil tout neuf, tout sophistiqué et fin cher. Enfin... il apprend à s'en servir. 



La pyramide de SAQQARA


On passe la journée à visiter, entre autres les sites de Saqqara, des fabriques de papyrus et de tapis où travaillent des enfants qui ne seraient que... des stagiaires et, enfin, les pyramides. 





... à cause de la brume !

Quand même d’un peu loin car le guide qui nous l’a proposé à dos de chameau et dûment coiffés du keffieh n’avait pas dit que c’était au black et par des sentiers illicites pour le moins, traversant notamment une assez vaste zone d’immondices. Même pas le mal de mer.


Après je ne sais plus combien d’heures de route (autoroute) en plein désert, nous arrivons à Safaga, pour revoir et retrouver Pamplemousse. Mais il est… minuit. Non seulement Pamplemousse dort, mais son voisin qui devait nous accueillir dort aussi, portable éteint ou dur de la feuille. Comment aller à bord ? Impossible. Qu’à cela ne tienne, notre Arabe de service et d’un dévouement (?) à toute épreuve connaît un petit hôtel pas loin et sympa, ce sont des amis. Et là, transfert direct au Mexique. Pas de lumière dans la première chambre, de draps ni de serviettes dans la seconde, des mégots épars, une chasse d’eau qui arrose partout si vous ouvrez l’eau, donc pas de douche non plus (et pas besoin de serviettes, évidemment) Par contre, la chambre est climatisée, mais clim un peu bruyante ; qu’à cela ne tienne, éteignons la clim.


C’est alors que nous avons la musique à tue-tête du bar en dessous. Remettons la clim. Nous tombons de sommeil. On ne se préoccupe pas de la couleur des draps ; on dort tout habillés sur les couvertures. Ne pensons même pas à un petit-déj. La cerise sur le gâteau, c’est au moment du départ : on nous demande sans plaisanter un supplément … pour le service. N’était le comique de la situation, nous aurions pu piquer une colère, surtout Christian…


J’en passe. On remet Pamplemousse en forme, on remplit ses frigos et on attaque la remontée de la Mer rouge. C’est un des rares endroits du monde en dehors du pôle Nord et de quelques pistes de ski nocturne où l’on peut voir un soleil en pleine nuit. Vent de face 30/35 noeuds, des bords et des bords et Mimi, pas très aguerri à la navigation mais qui essaie de participer autrement que dans sa spécialité de déboucher le Champagne.


Et on vire de bord et Pamplemousse, tel un fougueux coursier des mers qu’il est (?) s’offre une magnifique ruade qui envoie Mimi en l’air, qui retombe à plat-dos sur la tranche de la banquette. Un cri dans la nuit. Même pas mal. A un poil près, j’arrivais sur Christian, ce qui aurait fait deux victimes. Charly : « Est-ce que tes pieds bougent ? » Oui, les pieds bougent – à moitié sauvé - mais les mains qui brûlent comme bouffées par des fourmis géantes (mexicaines évidemment). Le Capitaine ayant catégoriquement refusé d’appeler les secours pour ne pas casser sa moyenne, je me relève tant bien que mal et diagnostique moi-même une ou deux (ou peut-être plus) côtes cassées, ce qui arrange tout le monde puisque chacun sait qu’il n’y a rien à faire sauf attendre et se reposer, ce que je n’ai pas pu faire non plus d’ailleurs !



Nouméa en ligne

Enfin donc, interdit de repos, je me suis consacré à la cambuse et c’est déjà pas rien pour un homme valide avec les vents que l’on a. Chacun y a trouvé son compte et Charly n’a pas craché dans les petites soupes au chou bien chaudes à 3 heures du mat.


J’ai aussi participé aux quarts de nuit, même si j’ai quand même bien remarqué que l’on oubliait de me réveiller au vraies heures de relève (à cause de mon incompétence ou de mon atroce souffrance ?) et ce fut une belle frayeur quand un cargo que je surveillais depuis un moment me montra subitement et simultanément ses lumières verte et rouge, ce qui voulait dire qu’il nous arrivait quasiment dessus. « CHARLY, CHARLY, lève-toi vite, c’est un gros ». Manœuvre parfaite de Charly, qui de toutes façons ne dort que d’un œil.


Alexandrie en 2007

Alexandrie la magnifique, c’est quand même du passé, la vieille coquette a de beaux restes mais elle ne s’entretient pas, et il ne faut pas s’éloigner du front de mer ou ça devient carrément du délabrement, avec une hygiène qui laisse à désirer, mais un souk particulièrement vivant et coloré que nous avons traversé avec beaucoup de plaisir. 


Des fruits magnifiques en veux-tu en voilà, que de couleurs ! Parc automobile dans le même état qu’au Caire, surtout chez les taxis, plus de tableau de bord, sièges défoncés, fermetures de portières aléatoires, vitres coincées avec des tournevis, volant dénudé... Folklo et même pas peur. 



Le tramway d'Alexandrie

Un tramway pas nommé Désir mais qui vaut le détour. Et des chars à bourricots très nombreux et d’un grand pittoresque. 


Quant à la célébrissime Bibliothèque d'Alexandrie, il faut du courage et de la constance pour la visiter : c’est pas l’heure, c’est plus l’heure, les tickets ne sont en vente que d’un côté de l’édifice et quand vous avez les tickets, vous ne pouvez pas entrer avec vos sacs et la consigne est fermée. C’est l’Egypte.


Dernier jour - snif snif - penser au retour. Direction aéroport international, à 60 km seulement mais je m’y prends à l’avance. « International airport please » ça se comprend même pour un taximan arabe dans une grande ville, surtout valise en main. 

... des chars à bourricots

" Oui, oui, montez " (en arabe). On est partis. Le taximan est tout vieux. On ne bavarde pas puisqu’il ne parle ni anglais ni français et moi ni arabe ni... arabe. On roule. Arrivés à hauteur de la Bibliothèque (toujours elle) : " Voilà, c’est là !!!!! - ??? - Si, si c’est là !"


Je descends de voiture pour héler un éventuel quidam arabo-anglophone. J’en trouve enfin un qui explique à mon chauffeur hors d’âge où je veux aller, mais ça ne l’intéresse pas, c’est trop loin. 


La bibliothèque d'Alexandrie vue du port

Le quidam m’en trouve un autre plus jeune qui comprend et veut bien y aller, mais qui non plus ne parle aucune langue des miennes. Confiant, nous partons. Roulons vers l’extérieur de la ville, parfois un panneau rassurant « International airport » mais à force de rouler, nous avons déjà bien quitté la ville et sommes dans un quasi désert et là, plus de panneaux.


Tape sur l’épaule du chauffeur : « International airport ? - Yes, Yes… " Angoisse, les kilomètres passent, le temps aussi. Toujours pas de panneaux, plus de voitures devant ni derrière alors que nous allons vers un aéroport international sensé ne pas attendre que moi… Surgit un rond-point, en plein désert, qui semble ne servir à rien, mais là, providence, un mec fait du stop. Le taxi s’arrête et le charge - c’est moi qui paie - mais je suis payé de retour puisqu’il parle anglais et me confirme que nous allons bien à l’« International airport » Encore des kilomètres et des kilomètres pour arriver à un portail dûment cadenassé et militairement gardé (sic). Je réitère ma question au stoppeur qui réitère sa réponse.


Taxe à payer, contre reçu, pour une fois ce n’est pas un bakchich. Le portail s’ouvre non moins militairement et nous poursuivons pour encore des kilomètres et des kilomètres en plein désert sans rien en vue. Puis enfin, quelque chose qui ressemble à la Tontouta des années 70, avec marqué dessus « International Airport », mais entouré d’abris militaires enterrés, de carcasses de chars et épaves diverses, et cerné de troufions. Rassurant. Là, trois pelé(e)s très britishs en partance pour Londres (je continuerai ensuite sur Paris). Jamais aussi content d’être arrivé dans un aéroport !


Pamplemousse dans le port
de pêche d'Alexandrie

Beaucoup de plaisirs, découvertes et déconvenues aussi avec les autochtones, mais là, je compte sur la verve de Christian, c’est lui qui y a pris le plus de plaisir…


Encore heureux qu’il ait fait beau et que Pamplemousse soit un bon bateau… (facile) mais ce fut un beau voyage.


Un grand merci à saint Charles pour son humeur égale et son flegme, et aussi à McGyver, sans qui…



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