dimanche 25 décembre 2005

De Jean-Pierre BRETEINSTEIN : CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE




CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE
Par  Jean-Pierre BRETEINSTEIN 
pour 
"Le tour du monde de PAMPLEMOUSSE en quatre-vingt mois"




1989. PREMIERE RANDONNEE AU QUEBEC 




Les valeureux participants: Christian SPINELLI, Gérard et son épouse Brigitte AARNINCK, Vaea BRUEL, Jean-Paul GAUE, Denis MAIRE et votre serviteur Jean Pierre BREITENSTEIN 

Gérard propose au groupe de faire une grande randonnée de plusieurs jours à l’étranger. C’est l’enthousiasme général, mais où et quand ? Christian qui a beaucoup de contacts au Canada se propose de chercher un guide équestre. Il trouve « Roob » un organisateur de randonnées de la région du lac Saint-Jean, situé dans la province du Québec.Tout le monde est d’accord pour tenter l’aventure.



En juillet, c’est le départ tant attendu pour notre première grande « rando ». Nous sommes sept à tenter l’aventure : Gérard et sa femme Brigitte, Vaea, Christian, Jean-Paul, Denis et moi-même. Le plus jeune a 25 ans, le plus âgé plus de 50 ans.


Stop-over obligatoire de deux jours à Fidji pour attendre un vol direct pour Toronto (escale technique), puis nous embarquons pour Montréal. On loue un minicar. D’office, Gérard est désigné comme chauffeur : il adore conduire, il faut savoir qu’au volant, il a le pied très lourd, mais on a une très grande confiance en lui.

Le lendemain, on rend visite à un oncle de Gérard qui possède une exploitation agricole, puis découverte de la ville de Montréal.

Gérard et Jean-Paul se promènent
sur la terrasse Dufferin. En arrière plan,
le célèbre hôtel "Château Frontenac"
.
Le deuxième jour, c’est le départ pour la région du Saguenay situé à 480 km. En chemin, visite rapide de la ville de Québec, particulièrement sa vieille ville.. On découvre l’impressionnant fleuve Saint-Laurent depuis la célèbre terrasse Dufferin.

En début d’après-midi, on arrive à Chicoutimi, où on a rendez-vous avec Roob.

Il nous faudra encore une bonne demi-heure pour rejoindre son ranch. On fait plus ample connaissance lors d’une petite collation. Les premiers contacts avec Roob sont chaleureux. Nous rendons visite aux chevaux qui se trouvent non loin de là. Ils sont en très bon état. Chacun en connaisseur fait des observations pertinentes. Roob, qui possède une quarantaine de chevaux, nous fait visiter ses installations, mais surtout la sellerie, on a le choix de monter soit avec des selles américaines de cow-boy dites « style western » ou des selles anglaises. Roob, qui a plusieurs guides de rando dans ses employés, nous annonce qu’il sera notre accompagnateur. Vite, on s’installe, on doit partir dans une demi-heure, pour une petite ballade de deux heures. Roob affecte à chaque cavalier sa monture en fonction de sa corpulence et de son niveau équestre. Enfin, nous partons, histoire pour lui de nous tester. Bientôt, c’est la découverte du fjord qui s’étend de tout son long. De part et d’autre, les collines encadrent l’anse Saint-Jean. Le paysage est superbe et l'espace est vaste. Quelques instants plus tard, on galope sur la plage.

Au retour les commentaires vont bon train… Gérard a un super cheval, Jean-Paul un nerveux comme il les aime. Chacun semble satisfait de sa monture.

Lors d’une courte promenade à pied en dehors du hameau des Plateaux, Christian, qui a bon œil, aperçoit un ours noir, dressé sur ses pattes, qui nous observe… bon présage sur le côté sauvage de la randonnée, à moins qu’apprivoisé, il ne fasse partie du comité d’accueil du syndicat d’initiative du patelin… Malheureusement, on n’en verra plus lors de la « rando ». Ils devaient certainement, à notre insu, nous regarder passer… car ils sont présents.

Première soirée avec Roob et quatre autres randonneurs français (trois filles et un garçon) qui ferons la rando avec nous. Roob anime le repas, nous prenons connaissance du parcours :

A L'AVEUGLE
10 jours de rando, 6 heures à cheval en moyenne par jour, distance entre 250 et 300 km, nous traverserons une région non habitée, très boisée avec beaucoup de lacs, où nous pourrons rencontrer des ours noirs. Le premier jour, nous coucherons dans un camp de base permanent. Pour les autres jours, nous serons sous tente, sauf le sixième jour qui devrait être plus cool (4 heures de cheval) avec un campement prévu dans une cabane de pêcheurs.

On couche dans un dortoir…. ça blague, ça rigole, l’ambiance est collégienne…. Mes souvenirs d’internat me reviennent en mémoire.

Dès l’aube, c’est l’excitation générale, tout le monde est impatient de partir, chacun prépare les affaires qu’il prendra avec lui sur son cheval (gourde, imperméable, appareil photo, etc.), le reste est chargé dans un camion qui nous rejoindra chaque soir.

Nous sommes quatorze cavaliers : sept Calédoniens, quatre Français de métropole, Roob, Estelle une jeune stagiaire accompagnatrice, ainsi qu’Odette. Premier contact avec cette dernière. Elle est professeur de lettres dans un lycée. Elle est en vacances, elle participe gratuitement à la rando en échange de ses services de cuisinière… on va vite apprécier ses talents de cordon-bleu. Fière de ses lointaines origines françaises, elle est ravie de nous accompagner dans cette randonnée. Intarissable sur l’histoire du Québec, elle voulait tout savoir sur la Nouvelle-Calédonie.

Enfin, c’est le grand départ par un beau soleil. L’allure est soutenue, car les chevaux connaissent parfaitement le parcours de cette première journée. Le chemin que nous empruntons serpente le long de petits vallons encore peu boisés. Les bois sont peuplés de feuillus, quelques conifères apparaissent de-ci de-là.

Bertrand le jeune Français a du mal à suivre la cadence, il est régulièrement distancé. Son cheval a compris qu’il est seul maître, il s’économise en marchant à son train et pas de problème de se perdre, il connaît le chemin. Gérard donne quelques conseils à Bertrand, le problème perdure… le cheval n’en fait qu’à sa tête. Gérard finit par monter quelques instants le cheval de Bertrand…Miracle ! il avance comme les autres, donc ce n’est pas le cheval mais le cavalier. On couche au gîte de Conrad Martel, c’est sommaire mais fonctionnel (dortoir, douche chaude, grande table pour manger… c’est plutôt le confort).

TRAVERSÉE D'UN PETIT LAC
Le deuxième jour, l’allure est toujours aussi rapide, car les chevaux sont toujours en terrain connu. Bertrand est à la traîne. C’est une souffrance pour lui, car il doit donner en permanence des coups de talons dans les flancs de son cheval pour le faire avancer. Je décide de prendre les choses en main et de monter son cheval. Mais avant cela, il y a des préliminaires… gestes autoritaires, voix forte, histoire de lui montrer qui est le chef. Une fois en selle, le cheval m’obéit : il est à l’écoute, aux ordres et avance bien : « Il faut savoir parler aux chevaux pour se faire obéir »… Vaea, qui assiste à la scène, s’exclame « Çà c’est du Jean-Pierre tout craché. ». 

Les quatre métropolitains, qui ne se connaissaient pas avant la rando, commencent à s’intégrer à notre groupe et participent de plus en plus aux tâches quotidiennes. Notre stagiaire Estelle, qui est très jeune, est à l’écoute de nos conseils. C’est sa première expérience de vie en groupe, de plus avec des Français toujours prêts à plaisanter.

Les collines sont encore peu élevées.
Les feuillus sont omniprésents. Au loin, les forêts de sapins apparaissent, mais les collines sont encore peu élevées. 

Troisième jour, nous avons atteint les forêts qui s’étendent à perte de vue.

Les chevaux perdent alors leurs habitudes et leurs repères. Ils s’interrogent : on devait tourner à gauche pour rentrer au ranch ? Le circuit des randonnées était toujours le même, d’une durée de trois jours… Du coup, les chevaux semblent, un court instant, déstabilisés : Roob ne leur avait pas expliqué qu’on partait pour dix jours !

Dorénavant, Bertrand n’a plus de problème de cadence : son cheval est au milieu du groupe, de peur de perdre ses congénères.

A partir de cette journée, le cheval n’est plus seulement « un moyen de transport », il est devenu un véritable compagnon de route, avec son caractère, ses qualités et ses défauts.

Nous pénétrons de plus en plus dans des forêts denses, paradis des mouches en été. Elles attaquent, nous mordent. C’est un cauchemar. On regrettera le chapeau à moustiquaire intégrée que les habitués de ces forêts portent pendant cette période. Dès le lendemain, les morsures s’infectent. Jean-Paul et moi-même sommes les plus touchés.

D’autres « bébêtes » nous attendent : celles que l’on trouve dans l’eau des petits lacs pollués par les déchets forestiers : les sangsues. Le temps de faire sa toilette, elles grimpent le long de vos jambes et s’activent. Etrange impression, on ne sent rien. Le plus dur finalement, c’est de les enlever. On essaye avec un couteau mais la méthode se révèle peu efficace. On finira par les brûler avec des cigarettes.


on boit, on danse…
Les journées passent vite et les soirées sont très animées : on blague, on rigole, on chante, on boit, on danse… on apprécie de se retrouver là, en pleine nature, heureux d’être ensemble. C’est la belle vie. On se sent des privilégiés, on n’est pas des touristes ordinaires, mais des cavaliers partis pour une belle aventure. C’est la première grande randonnée organisée par Roob, il est ravi, rayonnant. Pour lui, c’est également de vraies vacances.

On danse… on apprécie 
Les journées au rythme effréné sont longues : réveil à 5h30 pour attraper, nourrir et panser les chevaux, puis, rangement de ses affaires, suivi du démontage de sa tente. 6h30 : réveil des filles en douceur, petit-déjeuner rapide. 7h00 : chacun s’active, les uns sellent les chevaux tandis que les autres démontent la tente qui sert de cuisine et rassemblent les affaires qui partiront avec le camion.

7h30 (départ à cheval…) « Vamos » crie Roob, c’est le cri du ralliement de notre guide pour le départ.

C’est une véritable organisation collective où chacun doit trouver sa place, nos nombreuses randonnées calédoniennes nous ont permis de constituer un groupe soudé et expérimenté. Roob apprécie beaucoup.



     BAIGNADE A CHEVAL ET ENSUITE 
 DE LA CAVALIERE... LE SEAU EST PRET ! 
Si l’heure de départ est connue, celle de l’arrivée à la prochaine étape reste chaque jour une grande inconnue. Roob a fait une rapide reconnaissance du parcours, en moto, le long des vallées accessibles pour choisir les emplacements des futurs campements. Mais entre ces derniers, c’est l’inconnu. Chaque jour, c’est l’aventure pour retrouver son chemin : on explore, on revient sur nos pas, certains passages sont impraticables pour des chevaux. Roob « ramasse » (expression du jargon calédonien pour indiquer qu’il est chahuté sur sa méconnaissance du circuit). Il garde sa bonne humeur et rigole. Bien vite, on arrêtera de lui poser l’éternelle et lancinante question que chacun se pose : « Aujourd’hui, on fait combien d’heures de cheval ? ».Au début il répondait un chiffre toujours le même : 6 heures, sans compter l’arrêt casse-croûte, qui dure en moyenne une heure.

C’est ainsi que l’heure d’arrivée variait entre 15h00 et 18h00. Dès que nous avons mis pied à terre, il faut s’occuper des chevaux (baignade si possible, pansage, construction sommaire d’un enclos), puis on installe rapidement le camp avant de penser à nous. On campera toujours près d’une rivière ou d’un lac. Quel bonheur de pouvoir enfin se baigner !

Mais bientôt, vient l’heure de l’apéritif, une grande tradition « chez les nous-autres » (autre expression calédonienne), grand moment de partage et d’échange franco-canadien… puis c’est le repas tant apprécié, suivi du traditionnel feu de bois.


Vaea et Brigitte initient Roob
à la danse tahitienne
Les soirées s’éternisent, on raconte des histoires drôles, d’autres plus coquines. C’est les soirées nouba, ça danse, çà bouge… on marche sur les pieds de nos cavalières, faute de piste de danse évidemment… Vaea et Brigitte initient Roob à la danse tahitienne. Le bougr
e, qui se plie au jeu du déhanchement, en redemande…


A d’autres moments, on passe notre temps à discuter du Canada, de la Calédonie, de nos cultures respectives. Ce sont de grands moments d’échanges avec nos « nouveaux amis canadiens »… 

La particularité de ces randonnées équestres, c’est qu’une fois à cheval, chacun, s’il le désire, peut s’isoler. Il nous arrive d’ailleurs de ne pas parler pendant plusieurs heures, puis nous vient alors l’envie de nous rapprocher d’un autre cavalier pour discuter. Chacun prend sa place dans la colonne, Christian souvent devant, Vaea et moi-même aimons être derrière. Les autres naviguent le long de la file de cavaliers qui peut s’étirer sur plusieurs centaines de mètres.

Pendant toute la rando, le temps sera au beau fixe. Le neuvième jour, la chaleur est accablante : on frôle les 38 degrés, nous traversons une grande vallée, les chevaux accusent la fatigue. Au bout de trois heures, la plupart de nous descendent de cheval, car dans certaines situations il faut économiser sa monture… Le mien, qui a déjà perdu près de 70 kilos se traîne lamentablement, la tête basse. Je l’encourage, nous sommes tous exténués….il faut tenir, tenir …. Chacun s’interroge sur la durée de l’étape ?….. Roob nous annonce: « Encore deux heures ! » …



Quatre heures plus tard, on est toujours à pieds… Entre temps, Vaea est victime d’une insolation, elle perd connaissance et tombe de cheval … On la rafraîchit. Plus de peur que de mal. Elle remonte à cheval, elle n’a pas d’autre choix. Vaea est dure au mal, elle nous le prouvera dans d’autres randonnées. Brigitte est au bord de la rupture… On supprime la pause déjeuner, faute d’ombrage pour se protéger du soleil. Enfin, nous arrivons. On lâche rapidement les chevaux dans une prairie et on s’affale au milieu de nos affaires pour un repos bien mérité… On montera le camp plus tard. 




CHACUN RÉCUPÈRE 
APRES CETTE TERRIBLE ETAPE 


Le cinquième jour, la région est montagneuse. Les gorges se succèdent. Nous passons plusieurs cols. Dans une vallée perdue, loin de tout, nous croisons un couple de vieux Indiens qui vivent là. Roob engage la conversation…. Les Indiens trappeurs de profession chassent entre autre les ours (une vingtaine par an). C’est bien la première fois qu’ils voient un groupe de cavaliers en randonnée. Roob en profite pour se renseigner sur les sentiers praticables pour les chevaux.

Roob nous indiquera, plus tard, que la réglementation est très stricte : il faut un permis de chasse spécial pour tuer un ours, sauf pour les natifs… bien sûr.

Le sixième jour, Roob tient sa promesse : l’étape est courte. On arrive en début d’après-midi au lac Bazile.

On sort les haches…
Le refuge de pêcheurs ou de chasseurs est rudimentaire mais relativement confortable. On fait nager les chevaux dans le lac situé à proximité. C’est une grande première pour eux. Roob les masse un par un pour les détendre. Cette journée de transition permet aux chevaux et aux hommes de reprendre des forces. Mais rapidement, avant l’heure de l’apéritif, on part en fête sur le thème des danses indiennes canadiennes. On sort les haches…

L’ambiance est toujours aussi bonne mais le temps passe trop vite.

Plusieurs fois par jour, nous longeons de petits lacs. Nous traversons régulièrement de petites rivières, puis nous reprenons le chemin qui s’enfonce le plus souvent dans des sapinières.


TRAVERSÉE DE RIVIERE
Parfois, nous passons dans des vallées entièrement déboisées, paysage désolant et surprenant où il ne reste que les souches de conifères. Roob nous explique : les bûcherons utilisent des machines, chacune capable de couper 1.800 sapins par jour. Le sapin saisi grâce à deux pinces est coupé aussitôt, la machine bascule le tronc de l’arbre horizontalement et l’introduit dans un tube où il sera ébranché. C’est en hiver que les bûcherons interviennent dans les forêts. Les chemins forestiers sont alors praticables grâce à l’épaisse couche de neige.

Les jours suivants se passent sans problème, sauf pour Estelle notre jeune stagiaire. C’est le moment du bizutage. En bonne cavalière de club, elle est amoureuse de son cheval. Elle le bichonne, l’astique, le couvre de caresses…Bref, pour elle, c’est le plus beau et le meilleur. Il faut dire qu’il a une robe unie magnifique d’un blanc éclatant. Jean-Paul à une idée : cette nuit on va peindre le cheval d’Estelle avec du bleu de méthylène que Roob a dans sa pharmacie…. Nous passons à l’action… En quelques minutes, il est couvert de taches. A l’aube nous admirerons notre œuvre, le résultat est parfait. Au petit matin, Estelle découvre son cheval, elle est estomaquée et n’en croit pas ses yeux. Elle n’apprécie pas, verte de rage, elle pique sa colère. On évite de s’approcher d’elle. Elle emmène son chéri à la douche pour un shampooing énergique. Cruelle déception, les taches persistent, il faudra au moins 15 jours pour les faire disparaître… histoire de penser à nous, même après notre départ. Il faudra quelques heures pour qu’elle retrouve son sourire. Peu rancunière, elle renoue le contact avec le groupe. Mais attention à sa vengeance. Elle sera donc sous surveillance jusqu'à la fin de la randonnée. 

Mais bien vite, trop rapidement, le dernier jour arrive. En début d’après midi, on retrouve la civilisation, on aperçoit les premières maisons. On traverse le hameau. Les chiens aboient à notre passage. Puis, c’est le ranch.

On retrouve dans notre dortoir un certain confort. Pour la dernière soirée au ranch, la femme de Roob a préparé un véritable festin. A la demande de Roob, chacun donne ses impressions sur la rando, elles sont très positives, sauf sur l’entraînement des chevaux, qui n’étaient pas prêts pour une randonnée de dix jours.

Tôt le matin, on va dire au revoir à nos chevaux. Ce sont les dernières caresses, oh combien méritées!

PANORAMA
Nous quittons, non sans émotion, nos compagnons de route : Odette, Estelle et nos quatre Français, en leur souhaitant de belles randonnées.

Nous partons avec Roob, il nous fera visiter la région de Saguenay pendant la matinée, puis c’est l’arrivée à Chicoutimi. L’heure des adieux est proche. Roob, très ému, retient ses larmes et il en est de même pour nous.

La rando est finie, merci à toi Roob, notre fidèle compagnon de route!

Aussitôt nous partons pour la région de Montréal.

On dresse un bilan rapide dans notre minicar : la durée de dix jours est ni trop courte ni trop longue. C’est très supportable de monter six heures en moyenne par jour, car le pas est l’allure principale. Les conditions climatiques déterminent la facilité ou la dureté de supporter le rythme soutenu de ces dix jours. C’est la première fois que l’on randonne sans nos chevaux, le plaisir reste le même, chacun avec son compagnon de route doit former vite une équipe.

On a tous beaucoup apprécié de traverser une région où il n’y a pas de touristes. Ces randonnées équestres permettent de faire des rencontres exceptionnelles.

Mais bien vite, certains dorment, d’autres lisent, l’atmosphère devient silencieuse. 

On retrouve Jean-Marc, l’époux de Vaea, dans un chalet que l’on a loué près d’un lac. C’est le traditionnel tri de nos affaires, avec les lessives qui se succèdent.

Le lendemain, nous passons la matinée à visiter Montréal.

En début d’après-midi, nous partons pour la petite ville rurale de Rigaud, où nous sommes invités par une association de cavaliers. Je ne me souviens plus comment on a été invités par elle, mais c’était déjà convenu depuis Nouméa… Sûrement grâce à Christian.

Nous sommes reçus et logés chez le président, Bertrand de son prénom, homme d’affaires portant bien la cinquantaine, il possède une grande et magnifique maison. Cinq chambres sont à notre disposition. Sa femme Diane est charmante. L’accueil est très québécois, fait de simplicité et d’attentions : on ressent une grande joie d’accueillir des Français.

Rapidement, ils nous emmènent voir leur propriété. C’est « Dallas »… prairies verdoyantes, carrière de dressage. Nous pénétrons dans le bâtiment réservé aux chevaux : c’est magnifique. Les quatre chevaux présents rivalisent de beauté. La sellerie est immense, d’un coté les selles, de l’autre les trophées, qui se comptent par dizaines.  Bertrand nous apprend qu’il a été plusieurs fois champion du Canada en « monte américaine ». C’est véritablement une vedette nationale!

Il nous propose de monter un de ses chevaux. Aussitôt dit, aussitôt fait. Gérard est le premier à s’essayer à la « monte américaine ». Mais le cheval et le cavalier ne se comprennent pas, tellement le dressage est différent. Chacun de nous essaye : sans succès. Bertrand nous fait une démonstration : c’est magique, c’est de la haute école équestre.

... tout le monde se retrouve
sur la piste...
Bien vite, il faut se préparer à la soirée prévue en notre honneur. On s’habille en tenue de rigueur, jean et chemise à manche longue, style « cow-boy ». Nous arrivons les derniers. Plus de cent personnes sont présentes dans la salle des fêtes qui est pleine. Tout le monde se lève et on s’avance, intimidés, sous les applaudissements. Bertrand prend la parole et nous présente… « Cavaliers, coureurs des bois, Français du Pacifique ». Christian se charge de les remercier pour leur invitation et leur accueil. On distribue des coquillages en cadeau ainsi que des prospectus sur la Nouvelle-Calédonie. D’office, notre groupe est séparé. Chaque grande table veut un Calédonien pour discuter. Après le repas, tout le monde se retrouve sur la piste de danse, du plus jeune au plus ancien. Ce sont les femmes qui invitent. Les danses « country » se succèdent et l’ambiance conviviale est formidable. La soirée se termine très tardivement. 

En ce dimanche, l’association a prévu une ballade dans la montagne, au dessus du village.

Dès 9 heures, plus d’une cinquantaine de cavaliers arrivent. On les rejoint pour parler « cheval ». Un Canadien au fort accent italien se présente : il est maquignon. Il prête à Gérard un de ses chevaux, bête magnifique, seulement réservée aux très bons cavaliers. Gérard le monte, il est ravi, c’est vraiment un cheval exceptionnel.

Des remorques à foin...
Des tracteurs avec des remorques à foin sont là pour transporter les non cavaliers.

C’est le départ, je me retrouve sur une remorque, avec plusieurs personnes, assis sur une botte de foin


Les cavaliers sont partis à vive allure, on les retrouvera plus tard. Au bout d’une heure et demie, on arrive. Le spectacle de ce rassemblement de chevaux est extraordinaire. Les hommes s’affairent autour de gigantesques barbecues. Les enfants courent partout. Les femmes étendent les nappes par terre. On ne va pas mourir de faim… Instants magiques de partage entre personnes qui ont la même passion.

Au retour, je monte le fameux cheval. Au pas, je le sens vibrer sous moi, prêt à bondir. Les premiers cavaliers partent au galop, mon cheval fonce pour les rattraper. Je suis « embarqué ». Mais il se calme enfin. Jean-Paul en profite pour l’essayer.

Le soir, nous sommes encore invités par Bertrand et ses amis proches, dans la plus populaire « cabane à sucre » de la région de Montréal, où tous les plats sont cuisinés avec du sirop d’érable.

A la fin du repas, place à la fête. On pousse rapidement les tables, tout le monde est sur la piste, l’ambiance est joyeuse. 

Le lendemain, Bertrand tient à nous présenter le maire du village, qui nous attend dans sa propriété. Il s’appelle Roy, il est très fier de ses origines françaises. Ses ancêtres sont arrivés au XVIème siècle au Québec.

C’est le moment des adieux.

De retour vers Montréal, chacun garde en mémoire cet accueil extraordinaire typiquement Canadien.

Notre séjour se termine, conscients d’avoir vécu une aventure exceptionnelle dans un pays magnifique. Mais c’est surtout l’extrême sympathie des Québécois qui restera gravée dans nos cœurs.

Merci,  « amis québécois » ! 

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